Les chômeurs convoqués au travail obligatoire

mercredi 24 novembre 2010
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“Culture de l’assistanat”, le nouveau mot à la mode chez nombres de gouvernants européens - quelle que soit l’étiquette dont ils se réclament - qui range au placard des vieilleries les mots de protection sociale, droit à l’emploi et plein emploi solidaire.
Le capitalisme continue de s’armer pour sa guerre économique.
En quelque sorte une illustration de l’article précédent paru sur Rouge Midi...

Dans le cadre d’un projet qui suscite la controverse, les chômeurs britanniques seront bientôt contraints de travailler au profit de la collectivité s’ils ne veulent pas perdre leurs allocations. Cette proposition est inscrite dans le Livre blanc sur la réforme du système de protection sociale publié début novembre. Elle fait partie d’un plan de rigueur destiné à réduire la facture annuelle des allocations – 190 milliards de livres [225 milliards d’euros] – et à “casser le cycle de la dépendance”, selon la formule du gouvernement britannique de coalition.

Le ministre du Travail et des Retraites (DWP), Iain Duncan Smith, veut passer un nouveau “contrat” avec les quelque 1,4 million de chômeurs longue durée du pays. Pour que le travail demeure plus payant que les allocations, le gouvernement proposera aux demandeurs d’emploi un “crédit universel” qui remplacera les allocations existantes . Quand les conseillers jugeront qu’un chômeur aurait intérêt à retrouver la routine de la vie active, celui-ci devra effectuer 30 heures de travail bénévole par semaine, et ce pendant quatre semaines. Si le demandeur d’emploi refuse de se conformer à cette règle, il pourra perdre son allocation pendant au moins trois mois.

Le ministère du Travail et des Retraites envisage de faire appel à des prestataires privés pour organiser le placement des chômeurs dans des associations caritatives, des organisations de bénévolat et des entreprises. “Nous savons que des chômeurs ont besoin d’un effort supplémentaire pour se préparer à réintégrer le monde du travail. Il s’agit qu’ils retrouvent une routine qui les rendra bien plus intéressants aux yeux d’un employeur cherchant à pourvoir un poste, et aussi plus sûrs d’eux-mêmes. Le but est de casser le cycle de la dépendance”, explique une source proche du ministère.

Des sanctions – y compris la suppression des allocations – existent déjà pour les chômeurs qui refusent de suivre des stages de formation ou de se présenter à des entretiens d’embauche, mais elles sont rarement appliquées.

Le nouveau dispositif s’inspire des initiatives prises par les autorités américaines pour tenter de faire évoluer les comportements vis-à-vis de l’aide sociale et d’amener les gens à ne plus considérer celle-ci comme une option à vie. Aux Etats-Unis, le système prévoit d’interrompre le versement des allocations au bout d’un certain temps. A Londres, la réforme du système de protection sociale entend responsabiliser les chômeurs pour leur donner “l’habitude de travailler”. Anne Begg, députée travailliste et présidente de la commission parlementaire d’enquête pour le travail et les retraites à la Chambre des communes, observe pourtant que beaucoup de chômeurs ont déjà une expérience professionnelle et que les contraindre à assurer une activité bénévole leur enlèvera autant de temps pour rechercher un emploi. “Le vrai problème, c’est de trouver un emploi”, insiste-t-elle.

Cette mesure tombe alors qu’un certain nombre de ministères s’apprêtent à dévoiler de nouvelles politiques. Ainsi le ministère de la Justice va-t-il annoncer que des milliers de criminels atteints de graves maladies mentales ou de toxicomanie ne seront plus envoyés en prison mais qu’on leur proposera un traitement “volontaire” en milieu hospitalier. Ils auront en outre la liberté de quitter l’hôpital, car les autorités jugent qu’il ne servirait à rien d’y reproduire les conditions du milieu carcéral. “Avec un traitement volontaire, estiment-elles, les criminels seront plus motivés pour changer et pour respecter les règles de la collectivité.”

Globalement, observe un député travailliste qui approuve certains aspects de la pensée de la coalition gouvernementale, “c’est la notion de responsabilité individuelle qui est en train d’être repensée”.

Par Toby Helm, Anushka Asthana dans The Observer le 19/11/2010

Transmis par Linsay

ALLOCATIONS Le “crédit universel”

L’allocation chômage au Royaume-Uni est aujourd’hui de 51 livres (59 euros) par semaine pour les moins de 25 ans et de 65 livres (76 euros) pour les tranches d’âge supérieures.

Mais il existe une trentaine d’allocations différentes – chômage, logement, allocations familiales… Le gouvernement entend
remettre ces prestations à plat afin de s’assurer que les gens gagnent davantage en travaillant qu’en cumulant diverses aides. D’où l’idée d’un “crédit universel”, une allocation unique regroupant les différents droits, qui ne pourra excéder un certain montant et sera plus lisible. Ce projet s’inspire du modèle américain. Aux Etats-Unis, 1,4 million de chômeurs sont appelés les “99ers” car ils sont arrivés au bout des 99 semaines de versement d’allocations chômage et ne bénéficient plus d’aucune protection sociale.


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mercredi 24 novembre 2010 à 10h20 - par  roland

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