Regards d’octobre 2010

samedi 23 octobre 2010
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CHASSE AUX IMMIGRES : LA RESPONSABILITE DES INSTITUTIONS EUROPEENNES

Les expulsions de Roms décidées par Sarkozy et son gouvernement sont fondées sur des critères ouvertement discriminatoires. A juste titre, elles continuent de susciter de vives réactions et protestations sur le plan international. La commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, est montée au créneau avec une vigueur inhabituelle pour fustiger les « discriminations ethniques ou raciales » du gouvernement français ; la Commission européenne a menacé de déclencher une procédure d’infraction contre la France. Elle s’est ainsi donné le beau rôle face à la politique ignoble du gouvernement français. Il n’est bien entendu pas question de défendre les mesures prises par Sarkozy qui sont ouvertement racistes et discriminatoires mais faut-il pour autant faire crédit à la Commission européenne qui serait devenue tout à coup un parangon de vertu ?

Le coup de gueule de Viviane Reding, les condamnations verbales de la Commission par la voix de son président Barroso, ne pourront faire oublier que cette même Commission a proposé et fait adopter par le Conseil la scandaleuse directive dite « retour » destinée à faciliter l’expulsion des immigrés « en séjour irrégulier » vers leur pays d’origine. Cette directive, appelée aussi « directive de la honte », avait suscité des protestations de très nombreuses associations des droits de l’homme mais aussi de chefs d’Etat de pays d’Amérique Latine. Elle vise à stigmatiser les étrangers assimilés à des délinquants ; elle prévoit l’extension de la durée de rétention avant expulsion jusqu’à 18 mois, l’interdiction du territoire de l’UE pour les immigrés illégaux pendant cinq ans à partir de la date de leur expulsion (un véritable bannissement), la détention et l’expulsion de mineurs non accompagnés, la possibilité d’expulsion vers des pays de transit, la suppression de certaines garanties et dispositions permettant aux immigrés d’introduire des recours contre leur expulsion. « Avec ce texte, le pire devient la norme en Europe », soulignait le cinéaste Laurent Cantet, signataire d’un appel contre la directive. C’est justement pour transposer cette directive en droit national que le parlement français discute actuellement d’un nième projet de loi sur l’immigration. L’Assemblée nationale l’a adopté le 12 octobre en première lecture par 294 voix contre 239.

Le Parlement européen n’est pas en reste. Sa demande de « suspension des expulsions de Roms » ne pourra faire oublier qu’il a adopté en juin 2008 à une forte majorité, par 367 voix contre 206 et 109 abstentions (démocrates-chrétiens, libéraux et de nombreux socialistes), la directive « retour » qui ouvre la voie à des expulsions massives d’immigrés. C’est sur la base de cette directive que l’Union européenne signe des accords avec les pays tiers en leur attribuant des aides financières pour qu’ils acceptent le retour de leurs citoyens, fassent eux-mêmes la traque aux candidats à l’immigration et installent sur leur territoire des camps de transit. Le dernier accord en date concerne le Pakistan qui va permettre aux pays membres de l’UE d’expulser, non seulement 13 000 Pakistanais arrêtés cette année dans l’UE mais aussi des milliers d’Afghans qui ont fui la guerre qui ravage leur pays. La Commission a même prévu un budget de près de 700 millions d’euros pour la période 2008-2013 pour financer les expulsions de migrants dans des « charters » européens affrétés par l’agence européenne Frontex.

L’OCDE PIEGEE PAR ISRAEL

Récemment, les pays occidentaux ont cédé au forcing d’Israël et accepté le 7 septembre que ce pays devienne le 33e membre de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Le gouvernement israélien n’a pas manqué de présenter cette adhésion comme un soutien à sa politique d’agression et de colonisation dans les territoires palestiniens.

Fort de cet avantage, il a voulu aller encore plus loin et se servir de l’OCDE pour essayer de faire reconnaître Jérusalem comme la capitale de l’Etat israélien. L’OCDE a prévu d’organiser du 10 au 22 octobre une conférence sur le tourisme ...à Jérusalem. Inconscience ou complicité ? Le ministe israélien du tourisme, Stas Misezhnikov, s’est engouffré dans la brèche en déclarant que le choix de Jérusalem constituait « une déclaration d’intention et un sceau d’approbation vis-à-vis du fait que nous avons un Etat dont la capitale reconnue est Jérusalem ». Le secrétaire général de l’OCDE, le Mexicain Angel Gurria, qui a compris -mais trop tard- qu’il s’était fait piéger, a dû rectifier le tir en qualifiant les propos de ce ministre « erronés et inacceptables ». Effectivement, aucun pays au monde ne reconnait Jérusalem comme la capitale de l’Etat hébreu ; c’est pourquoi, la quasi totalité des ambassades étrangères se trouvent à Tel Aviv. La communauté internationale exprime ainsi son refus de l’occupation et de l’annexion de Jérusalem-Est que les Palestiniens considèrent comme leur capitale.

La meilleure solution pour l’OCDE serait, pour éviter toute équivoque et ne pas être perçue comme complice de violation du droit international à l’encontre du peuple palestinien, de changer le lieu de la conférence. De nombreux pays ont d’ailleurs déjà annoncé leur intention de ne pas y participer si elle se tenait à Jérusalem. L’OCDE devrait également tirer les enseignements de cette manœuvre d’Israël et décider qu’à l’avenir aucune conférence internationale ne pourra se tenir en Israël. C’est le meilleur moyen d’éviter les pièges tendus par Israël !

L’EUROPE EN BREF...

- Alors que de nombreux gouvernements de l’Union européenne veulent reculer l’âge du départ à la retraite, la Commission européenne donne un petit coup de pouce à l’opération en proposant de désigner 2012 « Année du vieillissement actif » avec ce commentaire : « Il s’agit de l’aménagement de possibilités accrues pour les personnes âgées afin de leur permettre de continuer à travailler ».
- D’après un récent sondage d’Eurobaromètre, qui interroge régulièrement les citoyens de l’Union européenne, 47% seulement des Européens soutiennent l’appartenance de leur pays à l’UE ; pour 19% (progression de 4% par rapport à 2009), appartenir à l’UE est « une mauvaise chose pour leur pays ».
- Des parlementaires européens libéraux et Verts (dont Daniel Cohn-Bendit) ont créé le groupe « Spinelli » (nom d’un fédéraliste italien) pour « une Europe fédérale et post-nationale » ; à peine créé, il a reçu l’adhésion de démocrates-chrétiens, de socialistes et de personnalités comme Jacques Delors et Joschka Fischer.
- Au lieu de prendre des sanctions contre Israël (par exemple la suspension de l’accord d’association) qui ne respecte pas les résolutions de l’ONU, l’Union européenne lui fait des « cadeaux » ; Israël est ainsi le seul pays non européen à participer au programme de recherche et de développement Eureka qui est doté d’un budget annuel de 1,5 milliards d’euros.
- La députée européenne suédoise du groupe GUE/NGL, Eva-Britt Svensson, a été récompensée par un prix de la revue « Parlement magazine », notamment pour son engagement à la commission des femmes qu’elle préside.



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