Quelques réflexions sur le « patriotisme », le Golfe du Mexique et la Guerre Froide

mercredi 28 juillet 2010
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Quelques réflexions sur le « patriotisme »
La plus importante de toutes : j’en ai ras le bol de cette chose qu’on appelle le « patriotisme ».

Les pilotes japonais qui ont bombardé Pearl Harbor l’ont fait par patriotisme. Le peuple allemand qui a soutenu Hitler et ses conquêtes étaient patriotiques et se battaient pour la Mère Patrie. Toutes les dictatures militaires latino-américaines qui ont renversé des gouvernements élus démocratiquement et qui ont régulièrement pratiqué la torture étaient patriotiques – ils étaient en train de sauver leur pays bien aimé du "communisme"

Le général Augusto Pinochet du Chili, massacreur et tortionnaire : « Je voudrais laisser le souvenir d’un homme qui a servi son pays. » [1]

P.W. Botha, ancien président de l’Afrique du Sud de l’apartheid : « Je ne me repentirai pas. Je ne demanderai pas d’indulgence. Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour mon pays ». [2]

Pol Pot, génocidaire du Cambodge : « Je veux que vous sachiez que tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour mon pays. » [3]

Tony Blair, ancien premier ministre britannique, en défendant son rôle dans l’assassinat de centaines de milliers d’Irakiens : « J’ai fait ce que je croyais être bon pour mon pays. » [4]

A la fin de le 2e Guerre Mondiale, les Etats-Unis ont donné des leçons de morale aux prisonniers allemands et au peuple allemand en leur disant qu’il était inadmissible de justifier sa participation à l’holocauste par le devoir d’obéissance à leur gouvernement légitime. Pour bien monter à quel point leur ligne de défense était inadmissible, les alliés de la 2e Guerre Mondiale ont pendu les figures éminentes d’une telle loyauté patriotique.

Lors d’une conférence, on m’a un jour posé la question « Aimez-vous les Etats-Unis ? » . J’ai répondu : « Non ». Après une pause de quelques secondes pour leur laisser le temps de digérer ma réponse, alors que quelques rires nerveux fusaient dans la salle, j’ai poursuivi : « Je n’aime aucun pays. Je suis un citoyen du monde. J’aime certains principes, comme les droits de l’homme, les droits civiques, la démocratie, et une économie qui place l’être humain au-dessus du profit. »

Je ne fais pas beaucoup de différence entre patriotisme et nationalisme. Certains associent le patriotisme à l’allégeance envers un pays et le gouvernement ou les nobles principes qu’ils sont censés représenter, alors que le nationalisme serait un sentiment de supériorité ethnico-nationale. Quelle que soit la définition, en pratique, les manifestations psychologiques et les comportements induits par la nationalisme et le patriotisme ne sont pas faciles à distinguer, et même s’alimentent mutuellement.

Howard Zinn a qualifié le nationalisme d’un « ensemble de croyances enseignées à chaque génération où la Mère Patrie est un objet de vénération et devient une cause pour laquelle on est prêt à tuer les enfants d’autres Mères Patrie... Le patriotisme sert à créer l’illusion d’un intérêt commun partagée par tous les habitants d’un pays. » [5]

De forts sentiments de patriotisme sommeillent dans une grande majorité d’Américains. Dans les milieux « libéraux » et « sophistiqués » ils sont plus enfouis mais sont pratiquement toujours détectables, et prêts à s’exprimer.

Alexis de Tocqueville, l’historien français du milieu du 19e siècle, a commenté son long séjour aux Etats-Unis : « On ne saurait imaginer de patriotisme plus incommode et plus bavard. Il fatigue ceux même qui l’honorent. » [6]

George Bush père, en accordant son pardon à l’ancien Secrétaire à la Défense Caspar Weinberger et cinq autres personnes impliquées dans le scandale Iran-Contra, une opération d’échange "otages contre armes", a déclaré : « Tout d’abord, leur dénominateur commun – que leurs actions aient été bonnes ou mauvaises – était le patriotisme. » [7]

Quelle pensée médiocre pour une société qui se prétend cartésien. Les Etats-Unis sont le pays le plus patriotique, et le plus religieux aussi, du monde dit développé. Tout ce patriotisme américain n’est que le plus grand cas d’hystérie collective de l’histoire, où la foule vénère sa puissance comme des petits soldats de l’unique super-puissance globale, et qui sert de substitut à leur impuissance dans tous les autres aspects de leurs vies. Le patriotisme, comme la religion, assouvit le désir de pouvoir s’identifier à quelque chose de plus grand que sa propre vie.

Alors, chers compatriotes américains, nous sommes le 4 juillet [8] et certains lèveront le poing et crieront « U ! S ! A ! ... U ! S ! A ! ». Et vous défilerez avec vos drapeaux et votre Statue de la Liberté. Mais savez-vous que pour cette statue, le sculpteur a copié le visage de sa mère, une femme dominatrice et intolérante qui avait interdit à un autre fils d’épouser une juive ?

« Le patriotisme », a déclaré le Dr Samuel Johnson, « est le dernier refuge d’une canaille. » L’écrivain américain Ambrose Bierce a corrigé – il est, a-t-il dit, le premier.

« Le patriotisme est votre conviction que ce pays est supérieur à tous les autres, parce que vous y êtes né. » — George Bernard Shaw

« Les actes ne sont pas classés comme bon ou mauvais selon leur valeur intrinsèque mais selon leurs auteurs, et il n’y a pratiquement aucune atrocité – torture, prise d’otage, travail forcé, déportation, emprisonnement sans procès, contrefaçon, assassinat, le bombardement de populations civiles – qui ne change de catégorie lorsqu’il est commis par « notre » camp. Le nationaliste non seulement ne désapprouve pas les atrocités commises par son camp, mais fait preuve d’une étonnante capacité à ne même pas les voir. » - George Orwell. [9]

« Les allégeances sont la marque d’états totalitaires, pas de démocraties, » dit David Kertez, anthropologue à l’université de Brown et spécialisé dans les rituels politiques. « Je ne connais pas une seule démocratie à part les Etats-Unis où il faut prêter allégeance. » [10] Ou, aurait-il pu ajouter, qui exige de ses hommes politiques l’affichage de leur allégeance en épinglant un drapeau sur leur veste. Hitler critiquait les Juifs allemands et les Communistes pour leur internationalisme et leur manque de patriotisme national, en exigeant que les « véritables patriotes » prêtent publiquement allégeance à la Mère Patrie. En réaction, l’Allemagne de l’après-guerre a pris soin de minimiser les expressions publiques de patriotisme.

Assez étrangement, le Serment d’Allégeance Américain fut rédigé par Francis Bellamy, membre fondateur en 1889 de la Société des Chrétiens Socialistes, un groupe de pasteurs protestants qui affirmaient que « les enseignements du Christ mènent directement à une forme de socialisme. » Essayez donc de dire ça au prochain republicanus ignorantus que vous croiserez et qui croit qu’Obama est socialiste.

Après l’invasion de l’Afghanistan par l’Union Soviétique en 1979, on pouvait lire qu’il régnait désormais « un haut niveau de patriotisme dans l’Union Soviétique parce que Moscou a agi avec impunité en Afghanistan ce qui a eu pour effet d’occulter la véritable puissance dans la région. » [11]

« Tout au long du 19e siècle, et particulièrement dans la deuxième moitié, il y a eu beaucoup d’agitation dans le monde autour de ce nationalisme... Le nationalisme était enseigné à l’école, mis en exergue dans les journaux, prêché, dénigré et chanté auprès des hommes. Il est devenu un discours monstrueux qui jetait un ombre sur toutes les activités humaines. L’absence de nationalité était devenue aussi honteuse que la nudité devant une assemblée. Les orientaux, qui n’avaient jamais entendu parler de nationalité, l’adoptèrent comme ils adoptèrent les cigarettes ou les chapeaux melons de l’Occident. » HG Wells, écrivant britannique. [12]

« L’existence même d’un état exige une classe privilégiée viscéralement intéressée à la maintenance de son existence. Et c’est précisément les intérêts de cette classe-là qu’on appelle le patriotisme. » Mickael Bakounine, anarchiste Russe [13]

« A mes yeux, il est profondément indigne de voir son âme contrôlé par la géographie ». George Santayana, éducateur et philosophe américain.

Encore une chose pour laquelle les américains devraient être reconnaissants, en ce jour du 4 juillet

Le Département américain de la santé et des services sociaux (HSS) présente une nouvelle fonction sur leur site internet (http://www.healthcare.gov/) appelée « Recherche d’assurance ». Il vous suffit de fournir quelques informations sur la composition de votre foyer, votre age, votre situation professionnelle, vos revenus, vos handicaps ou maladies, si vous bénéficiez de Medicare ou d’une autre assurance santé, si on vous a déjà refusé une assurance santé, si vous êtes à la charge de quelqu’un, si vous êtes un vétéran, un amérindien, un indigène de l’Alaska, etc, etc, etc... et le site vous suggère quelques pistes pour trouver une assurance santé qui correspond à vos besoins. Le chef du HSS, Kathleen Sebelius, nous dit que « Cet un outil très impressionnant mis au service des consommateurs, » et ajoute que le site est capable de livrer des réponses sur-mesure à environ 3 milliards (sic) de scénarios personnels envisageables. « Cette information offre aux gens des choix dont ils ignoraient l’existence. » [14]

N’est-ce pas remarquable ? Où d’autre, à part aux Etats-Unis, peut-on trouver un tel choix ? Certainement pas à Cuba la communiste. Là-bas, il n’y a qu’un seul scénario, et il est le même pour tous – vous tombez malade, vous allez voir un médecin ou dans un hôpital, et on vous soigne au mieux des possibilités ; rien à payer. Peu importe la nature de votre problème, l’état de vos finances ou votre situation professionnelle. Rien à payer. Personne n’a une assurance santé parce personne n’en a besoin. C’est triste, n’est-ce pas, l’embrigadement communiste ?

La Séparation du pétrole et de l’état

Le 19 mai, lors d’une audition devant le Congrès, le Représentant Jason Altmire (Démocrate, Pennsylvanie) a demandé au président de BP America Lamar McKay : « Connaissez-vous une technologie quelconque qui aurait pu empêcher un tel accident ? » McKay a répondu : « Je ne connais aucune technologie qui aurait pu l’empêcher. » [15]

Etant donné l’extrême gravité des conséquences d’un accident autour d’un puits de pétrole en mer de grande profondeur, voilà qui constitue un bon argument pour interdire de tels forages, n’est-ce pas ? De plus, même si l’accident avait pu être évité parce que BP aurait fait preuve de moins de négligence et d’inconscience au lieu d’économiser quelques sous, peut-on pour autant compter sur toutes les autres compagnies pétrolières pour toujours placer la sécurité avant les profits ? Je pense que non. Et si un accident se produit, peut-on compter sur ces compagnies pour prendre rapidement les mesures qui s’imposent ? Apparemment pas.

Alors, tous ceux qui oeuvrent en faveur des entreprises américaines tireront-ils une leçon de la catastrophe dans le Golfe du Mexique ? Eh bien, réfléchissez à ceci : Les compagnies pétrolières sont en ce moment même où vous lisez ces lignes en train de planifier de nouveaux forages dans le golfe. Au mois de juin, le Mineral Management Service, du Ministère de l’intérieur US, leur distribuait des dispenses leur évitant de fournir une analyse détaillée de l’impact de leurs projets sur l’environnement, pas pour de nouveaux projets de forages mais pour leurs projets existants. Une de ces dispenses a été accordée à une compagnie Britannique du nom de BP. [16]

Voici ce que dit le directeur régional du Ministère de l’Intérieur pour la Louisiane : « A l’évidence, nous sommes acquis à l’industrie du pétrole. Pratiquement tous nos inspecteurs ont travaillé pour des compagnies pétrolières et sur ces mêmes plateformes » [17] Un analyste financier de la célèbre banque J.P. Morgan Chase nous a annoncé quelques bonnes nouvelles – le PIB des Etats-Unis pourrait légèrement augmenter grâce à l’argent dépensé dans les opérations de nettoyage de toute cette pagaille, et il a ajouté que « l’ampleur de ce revers parait infime à l’échelle macroéconomique des Etats-Unis. » [18] Et trois parlementaires Républicains éminents ont récemment qualifié l’affaire de catastrophe « naturelle ». [19]

En fait, si j’étais président, j’interdirais définitivement tout forage en mer. Le Président a annoncé une interdiction de six mois et s’est heurté aux compagnies pétrolières, aux politiciens et consorts. Mais il cédera, comme toujours. Pas moi. Comment compenserai-je la perte de pétrole ? Pas en important plus de pétrole, mais en réduisant sa consommation. Voici deux suggestions pour commencer :

Le Département de la Défense US est non seulement le premier consommateur de pétrole aux Etats-Unis, mais il est le premier consommateur de pétrole au monde. En 2007, un rapport d’un sous-traitant de la Défense expliquait que le Pentagone dans ses guerres à l’étranger et ses opérations de soutien militaire à travers le monde (comme la maintenance de milliers de bases militaires à l’intérieur et à l’extérieur des frontières) pourrait consommer 340.000 barils par jour, une quantité supérieure à la consommation totale de la Suède ou de la Suisse. [20] Ceci est extrait d’un article intitulé « Comment les guerres du futur pourraient être déclenchées uniquement dans le but d’alimenter la machine de guerre qui les mène ». (How Wars of the Future May Be Fought Just to Run the Machines That Fight Them) Si on y ajoute l’industrie de l’armement US, le complexe militaro-industriel serait le 12e consommateur de pétrole au monde, devant l’Inde.

En toute logique, en tant que président, je prendrais la mesure controversée d’abolir l’armée des Etats-Unis. L’économie ainsi engendrée, y compris par la réduction de la consommation titanesque de pétrole, serait supérieure à 1000 milliards de dollars par an.

Voici quelques devoirs à faire à la maison :

1. chercher des moyens pour améliorer la qualité de la vie des américains, des choses que l’argent pourrait apporter et pour lesquelles 1000 milliards de dollars par an ne suffiraient pas.

2. Si vous pensez que l’absence d’une armée exposerait les Etats-Unis à une invasion :

a) qui serait l’envahisseur ?
b) pourquoi nous envahiraient-ils ?
c) combien de soldats leur faudrait-il pour occuper un pays de plus de 300 millions d’habitants ?

3. Faire la liste de la dizaine de guerres dans lesquelles les Etats-Unis ont été impliqués depuis les années 80 et préciser celles dont vous êtes heureux et fiers.

4. Le 28 octobre 2002, cinq hommes ont été assassinés par une foule en Inde parce qu’ils avaient tué une vache (sacrée) [21] Le même jour, les Etats-Unis se préparaient activement à envahir l’Irak et à tuer des milliers de gens pour prendre contrôle de leur pétrole. Faire un débat pour déterminer laquelle des deux sociétés est la plus cinglée.

Deuxième suggestion pour réduire la consommation de pétrole :

Nationaliser les transports publics afin de réduire leur prix à un niveau accessible à toute la population, ce qui aurait pour résultat de réduire dramatiquement l’usage des voitures privées et la consommation d’essence. De plus, on n’exigera pas d’un tel système de transport public qu’il fasse des bénéfices. A l’instar de l’armée actuelle.

La Guerre Froide est morte. Vive la Guerre Froide.

J’ai récemment assisté à la projection du nouveau documentaire d’Oliver Stone, « South of the Border », qui présente plusieurs dirigeants actuels en Amérique latine – Venezuela, Bolivie, Equateur, Argentine, Paraguay, Cuba et Brésil – qui ne sont pas en transes devant la politique étrangère des Etats-Unis. Après la projection, il y a eu un débat, auquel participait Stone, les deux auteurs du films (Tariq Ali et Mark Weisbrot) et Cynthia Arnson, directrice du Programme sur l’Amérique latine du Woodrow Wilson International Center for Scholars, à Washington. Le débat était modéré par Neal Conan, de National Public Radio.

L’idée de départ de la soirée n’était peut-être pas de faire un « débat », mais c’est comme ça que les choses ont rapidement tourné lorsqu’Arnson a mené la faction « anticommuniste » soutenue en quelque sorte par les questions posées par Conan et une frange vociférante du public qui prenait parti par des applaudissements ou des huées.

Vingt ans après la fin de la Guerre Froide, l’anticommunisme est toujours vivace dans les coeurs et les esprits aux Etats-Unis. Une simple critique de la politique étrangère des Etats-Unis et/ou du capitalisme suffit à faire étiqueter un gouvernement ou dirigeant étranger de « communiste », que le terme soit spécifiquement employé ou pas.

A la fin des années 80, tandis que Mikhail Gorbachev guidait l’Union Soviétique vers une nouvelle politique débarrassée de l’idée de rivalité avec l’Occident et une volonté de « repenser » la politique étrangère, Georgiy Arbatov, directeur de l’Institut Soviétique d’Etudes US et Canadiennes, déclarait : « Nous allons vous faire quelque chose de terrible ; nous allons vous priver d’ennemi. » [22]

Le complexe militaro-industriel ne comprend que trop bien, et même douloureusement, la nécessité d’avoir un ennemi. Voici le Colonel US Dennis Long, en 1992, peu après la fin de la Guerre Froide, qui était directeur d’« état d’alerte totale des forces blindées » à Fort Knox, Kentucky :

« Pendant cinquante ans, nous avons équipé notre équipe de football et nous nous sommes entraînés cinq jours par semaine sans jamais jouer un match. Nous avions un ennemi clairement identifié aux qualités indiscutables, et nous l’avions repéré. A présent, nous devons nous entraîner 24/24h sans rien connaître de l’équipe adverse. Nous ne connaissons pas sa stratégie, nous ne savons pas où se trouve son terrain d’entraînement, ni combien de joueurs il dispose. C’est très pénible pour l’appareil militaire, surtout lorsqu’on tente de justifier l’existence de notre organisation et de nos systèmes. » [23]

Arbatov avait raison en disant que les Etats-Unis craignent un monde sans ennemi mais il avait tort en disant que les Etats-Unis étaient privés d’ennemi. En plus de tous les ennemis crées au Moyen Orient par les interventions militaires et la Guerre contre le Terrorisme, les Etats-Unis ont trouvé une source inépuisable de « communistes » qui défient l’hégémonie militante de Washington – de la Yougoslavie, Cuba et Haïti à un groupe à présent plus élargi de pays latino-américains. Il faut comprendre que la Guerre Froide n’était pas une lutte entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique mais plutôt une lutte entre les Etats-Unis et le Tiers-monde. Les Etats-Unis cherchaient à dominer le Tiers-monde et sont intervenus dans de nombreux pays où les Soviétiques ne jouaient aucun rôle, malgré la propagande habituelle de Washington qui hurlait au « communisme ». Il y avait une forte pression aux Etats-Unis pour contrer le communisme, surtout le communisme du genre invisible, puisque ce dernier était considéré comme le plus dangereux.

En réalité, le Bolchevisme et le libéralisme occidental étaient unis dans leur opposition à la révolution populaire. La Russie avait un passé révolutionnaire, mais pas de présent révolutionnaire. Même chose pour les Etats-Unis.

Dans la discussion qui a suivi la projection du film, Stone a répondu à une critique sur la partialité du documentaire en déclarant que les médias US étaient en général si partiaux envers les gouvernements en question que son film était une tentative de rééquilibrage. Car il faut bien se poser la question suivante : combien des 1400 quotidiens publiés aux Etats-Unis ou des innombrables chaînes de télévision publient ne serait-ce que de temps en temps une information sur les tentatives incessantes de Washington de subvertir les gouvernements en question ? Combien d’articles qui présentent les programmes et politiques de ces dirigeants sous un jour autre que défavorable ? Particulièrement Hugo Chavez du Venezuela et Evo Morales de la Bolivie, les deux principaux sujets du film. Sans oublier bien sûr que la première chose que tout journaliste américain fait le matin en se levant c’est d’accuser Cuba de violation des droits de l’homme.

Alors que l’on n’entend plus parler de la « conspiration communiste internationale », la politique étrangère des Etats-Unis n’a pas changé. Il s’avère que quel que soit l’activité que les fonctionnaires et diplomates à Washington pensaient mener à l’époque, les révisionnistes de la Guerre Froide ont finalement été légitimés : ce n’était pas pour contrer cette chose appelée le « communisme » mais bien pour garantir la suprématie, l’expansion et les intérêts économiques des Etats-Unis.

Choisir un seigneur de guerre

Les médias sont préoccupés par le remplacement du général Stanley McChrystal par le général David Petraeus en Afghanistan. Ca ressemble aux potins du jour, ou un événement sportif, ou les Oscars. « Petraeus pour président » crient certains avec plein de courriers envoyés aux rédacteurs en chef, partout sur Internet. Certains journalistes se demandent qui est le mieux placé pour mener la guerre. A mes yeux, cela équivaut à demander « quel Docteur Folamour préfériez-vous voir à la tête de notre opération internationale de psychopathes assassins ? » Hum... voyons voir... hum... ah oui, voilà, la réponse est : qu’est ce que ça peut bien nous foutre ?

William Blum
http://killinghope.org/bblum6/aer83.html

Traduction VD pour le Grand Soir

Transmis par Linsay



[1Sunday Telegraph (London), July 18, 1999

[2The Independent (London), November 22, 1995

[3Far Eastern Economic Review (Hong Kong), October 30, 1997, article by Nate Thayer, pages 15 and 20

[4Washington Post, May 11, 2007, p.14

[5« Passionate Declarations » (2003), p.40 ; ... Z Magazine, May 2006, interview by David Barsamian

[6« Democracy in America » (1840), chapter 16

[7New York Times, December 25, 1992

[8fête nationale – Nd

[9« Notes on Nationalism », p.83, 84, in « Such, Such Were the Joys » (1945)

[10Alan Colmes, « Red, White and Liberal » (2003), p.30

[11San Francisco Examiner, January 20, 1980, quoting a « top Soviet diplomat »

[12« The Outline of History » (1920), vol. II, chapter XXXVII, p.782

[13« Letters on Patriotism », 1869

[14Washington Post, July 1, 2010

[15Washington Post, June 17, 2010

[16McClatchy-Tribune News Service, June 20, 2010

[17Washington Post, May 27, 2010

[18Wall Street Journal, June 15, 2010

[19Washington Post, June 18, 2010

[20Michael Klare, « The Pentagon v. Peak Oil », Tom Dispatch, June 14, 2007 http://www.tomdispatch.com/post/174810/

[21Washington Post, October 29, 2002, p.18.

[22« Russia Now », a supplement to the Washington Post, Oct. 28, 2009, p.H4

[23New York Times, February 3, 1992, p.8



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