Marc-Philippe Daubresse : un gros ego centriste.

samedi 17 avril 2010
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Le nouveau ministre de la Jeunesse est un vieux Jeune giscardien qui a toujours joué perso, mais n’avait marqué personne au gouvernement Raffarin.

Qui connaît Marc-Philippe Daubresse, le tout nouveau ministre « centriste et sarkozyste » de la Jeunesse et des Solidarités actives ?.

Qui se souvient surtout qu’il a déjà été sous-ministre ?.

Si, si du Logement, dans le gouvernement Raffarin...

Le « ministre bâtisseur » qui promettait alors hardiment la construction de 500 000 HLM en cinq ans n’a bâti qu’un seul été : entré en mars 2004, déjà à la faveur des régionales, éjecté en mai 2005 par Villepin !.

Sa loi « Habitat pour tous » étant décapitée au passage...

Virant sarkozyste, par dépit, Daubresse, 56 ans, avec son allure enrobée de bourgeois de Daumier et ses yeux à fleur de tête, qui est député-maire de Lambersart, la banlieue chic de Lille,n’a eu de cesse depuis de redevenir ministre.

Sarkozy le lui avait promis, jure-t-il.

Nommé en janvier 2009 secrétaire adjoint de l’UMP « chargé de la vie quotidienne des Français » (sic !), Daubresse se vante pourtant d’être reçu chaque semaine à l’Elysée et d’être proche de Bertrand.

« J’ai arraché le poste avec les dents », confie Daubresse à un proche.

« Je lui ai rappelé qu’il voulait déjà devenir ministre à seize ans ! », rigole un député PS du cru qui fut son copain de classe.

A part à lui-même, à qui la nomination de Daubresse fait-elle plaisir ?.

C’est un message envoyé aux centristes ex-UDF ralliés dès 2002 à l’UMP avec Douste, qui se considèrent « sous-estimés » et « sous-représentés » et seraient aujourd’hui tentés de fusionner avec le Nouveau Centre, voire de ressusciter l’UDF, selon les craintes de l’Elysée.

« Méhaignerie est allé plaider leur cause en présentant Daubresse comme leur leader », explique un apparatchik de la majorité qui juge le nouveau ministre « totalement insignifiant »...

« Je ne suis pas partisan de faire le centre en dehors de l’UMP », a déclaré Daubresse, sitôt nommé, au « Talk Orange-Le Figaro », le 24 mars.

« C’est pour prononcer cette seule phrase qu’il est devenu ministre ! », résume un élu nordiste du MoDem.

« C’est un de ces types peuplant les antichambres, qui se montrent enthousiastes si on les nomme, mais sont féroces, ou essaient de l’être, si on ne les nomme pas », juge, désabusé, un ex-dirigeant de l’UDF.

Le dirigeant du MoDem Bernard Lehideux complète le portrait :

« La démocratie chrétienne est une famille politique qui n’a jamais brillé par sa colonne vertébrale : ces gens-là sont toujours du côté du manche ».

Un ministre de l’époque Raffarin ne se souvient guère de son passage au gouvernement : « Daubresse n’a jamais fait d’étincelles, c’était surtout le garagiste des fédérations de l’UMP... »

Il faut dire qu’il ahanait alors derrière les annonces mirifiques de son ministre de tutelle , l’imprévisible Borloo, à l’époque « super-ministre » de la Cohésion sociale, doté de cinq sous-ministres.

« Je suis le B.a.o.b.a.b. : la boîte à outils de la bande à Borloo ! », s’écriait alors fièrement Daubresse.

Hervé Gaymard, le ministre trop bien logé, étant au bord de la démission, Daubresse lance aimablement en février 2005 :
« Bonjour, je suis le ministre du Logement et je n’ai pas de problème de logement ».

Pas tout à fait exact, car, lors de sa nomination un an plus tôt, il a d’abord logé à l’hôtel, tout en galérant plus d’un mois pour se dégotter des bureaux de ministre !.

Faux, également, dans sa bonne ville : Daubresse a réussi à s’incruster cette même année 2005 dans la maison Delannoy, l’une des plus belles de Lambersart : 550 m2, onze chambres.

Alors qu’un brasseur de Lille s’apprêtait à la racheter pour 1,3 millions d’euros, le conseil municipal adopte en urgence fin février 2005 une résolution de préemption visant à créer des logements sociaux au fond de la propriété.

Ce qui fait lâcher prise à l’acquéreur.

Puis un couple de copains promoteurs rachète la propriété en plusieurs parcelles... grâce à un prêt cautionné par Daubresse et sa compagne Brigitte Astruc, qui est alors sa chef adjointe de cabinet au ministère et son adjointe à la mairie, et qui prend des parts dans une SCI commune.

Le couple ministériel emménage dès le lendemain de la vente dans cette maison de maître, pour un loyer d’ami de 2 500 euros par mois.

« Le Canard » (26/1/06) relate l’affaire, mais à ce jour Daubresse est toujours logé à la même enseigne, et les logements sociaux prévus tardent à sortir de terre.

Cette affaire et sa défection de l’UDF ont pesé sur le score de Daubresse aux dernières municipales : 51% au lieu de 60% d’ordinaire dans une ville qui vote à droite depuis quatre-vingt-cinq ans mais qui vient de voter à gauche aux dernières régionales !.

Elu à la communauté urbaine de Lille méropole depuis 1989, Daubresse a été le fidèle premier vice-président consensuel de Pierre Lauroy.

Et, sans avoir osé être candidat à Lille même, il s’est présenté en 2008 à la présidence, laissant dire avec gourmandise qu’il était le « Mauroy de droite » : certains affirment même qu’il a grossi exprès pour cultiver le profil rassurant de Gros-Quinquin !.

Mais Daubresse a été sèchement battu par Martine Aubry, qu’il surnomme « la Tsarine ».

Autre défaite mortifiante : vice-président de l’Assemblée en 2007 au sein d’un triumvirat UMP, il est battu par Catherine Vautrin dès l’année suivante, alors que ses deux collègues masculins sont réélus !.

Comme vade-mecum dans son nouveau ministère de la Jeunesse, Daubresse peut toujours feuilleter l’ouvrage collectif qu’il a commis à 24 ans, sous le titre délicat « La vie en jaune : sept Jeunes giscardiens en Chine populaire ».

En compagnie de Henri Giscard d’Estaing, fils de l’Ex, cette joyeuse bande composée notamment de Raffarin, Bussereau et Daubresse cherchait à s’ouvrir « sur le tiers-monde, le jaune et le noir » (sic).

Après avoir rencontré un « jeune Chinois débridé, mais débridé seulement sur les bords », ils livraient cette conclusion sans appel :

« La Chine applique en partie le système de valeurs que nous sommes en train de larguer : le sens du devoir, la glorification du travail, le dévouement à la nation, notamment ».

Un programme tout tracé pour la jeunesse française d’aujourd’hui.!

Par David Fontaine dans Le Canard enchaîné du 07/04/2010

Transmis par Linsay



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