Le 8 mars est un jour important pour la lutte des Droits des Femmes, celui-ci prend cette année un caractère particulier puisque nous célébrerons :
  les 100 ans du 8 mars [2]
  le lancement de la Marche Mondiale des femmes 2010.

C’est grâce aux combats menés par les femmes que nous avons aujourd’hui acquis des droits.

Ce 8 mars, c’est 100 ans de luttes, d’espoirs et de victoires qui ont changé nos vies, comme le droit de vote, le droit à la contraception et à l’avortement. Comme celui qui semble aujourd’hui banal, d’avoir notre autonomie financière et le droit d’ouvrir un compte en banque. Mais beaucoup reste encore à faire dans cette société qui reste encore sexiste, patriarcale et capitaliste.

Aujourd’hui au 21éme siècle, les acquis des lois ne sont pas toujours connus, et souvent mal ou peu appliquées. Nos droits régressent, et sont dans les faits remis en cause.
Le compte n’y est pas.

Une crise qui touche en premier les femmes

Avec la crise capitaliste, les femmes sont en première ligne des coups portés par le chômage, car ce sont elles qui occupent les emplois précaires, touchent des bas salaires et sont les plus nombreuses au chômage

  Leur salaire est de 26% inférieur à celui des hommes, les inégalités persistent malgré les lois, des mesures contraignantes doivent être prises
  Elles représentent 85% des emplois à temps partiel et 80% des travailleurs pauvres. Parmi elles les femmes sans papier n’ont aucun droit, exploitées par le patronat, elles risquent en plus l’expulsion.
  La retraite des femmes est inférieure de 600 euros par mois à celles des hommes, nous demandons une retraite décente et le maintien des bonifications pour les mères salariées,

En outre, à partir du moment où 80% des tâches ménagères restent à leur charge, ce qui constitue pour elles « la double journée de travail », la tentation est grande de renvoyer les femmes à ce qui serait de l’ordre de la nature : au foyer.

Dans tous les secteurs, les droits des femmes sont menacés

Par exemple

  La réduction drastique des subventions aux nombreuses associations féministes et à celles qui luttent pour leur droit, toutes ces coupes sombres fragilisent l’action des associations qui luttent au plus prés des femmes et leur viennent en aide.

  La liberté de disposer de leur corps : le droit à l’avortement est aujourd’hui menacé dans sa pratique par la fermeture des hôpitaux et par l’activisme des anti-IVG. Cela s’inscrit dans le démantèlement de l’hôpital public, du service public, nous demandons un accès à la contraception et à l’avortement libre et gratuit pour toutes et sur tout le territoire ! Nous demandons le maintien de maternité au sein de tous les établissements publics de santé !

Ce sont encore elles qui subissent le plus les violences

• Une femme meurt tous les 2 jours sous les coups de son mari,
• Une femme est violée toutes les 10 minutes.
Nous réclamons pour lutter contre les violences faites aux femmes, l’adoption du projet de loi cadre, déposée au Parlement par le Collectif national pour le droit des femmes.

Ce projet de loi, résultat de nombreuses luttes depuis des années est actuellement discuté à l’assemblée nationale. Il marque des avancées mais reste largement insuffisant. Ce projet de loi met l’accent sur la prévention et l’éducation dès le plus jeune âge et non pas sur le tout sécuritaire qui reste toujours inefficace.

Les violences envers les femmes qui sévissent dans tous les milieux et opèrent aussi bien dans la vie publique que dans la vie privée, sont la conséquence d’un système patriarcal persistant, qui considère que les femmes sont inférieures aux hommes. Et parce qu’il perdure toujours en 2010, nous réclamons une loi antisexiste au même titre qu’il existe une loi contre le racisme. Le sexisme doit être considéré comme un délit.

De plus, la lutte contre le sexisme passe par la défense de la laïcité, car notre société repose sur la séparation des églises et de l’état. L ‘Etat garantit la liberté des croyances et les lois de la République s’imposent contre celles qui veulent appliquer sur terre les lois divines. Nous refusons que des réactionnaires et intégristes de tous poils adeptes de l’ordre moral remettent en cause les droits des femmes an nom de dogmes auxquels ils veulent nous soumettre pour maintenir les pouvoirs machistes.

Nous dénonçons la lesbophobie et réclamons pour toutes, le droit de choisir sa sexualité, et la prise en compte dans la loi-cadre de ce type de violence spécifique.

La marche mondiale des femmes

Nous nous inscrivons aussi dans la solidarité Internationale avec les femmes du monde entier, et ce 8 mars 2010 sera aussi le lancement de la Marche Mondiale des femmes

Nous marchons depuis 2000 avec les femmes du monde entier pour dénoncer et exiger la fin de l’oppression que nous vivons en tant que femmes, pour dire que la domination masculine, l’égoïsme, l’exploitation capitaliste, la recherche effrénée du profit menant aux injustices, aux guerres, aux conquêtes, au colonialisme, ont une fin.

Nous formons plus de la moitié de l’humanité, nous donnons la vie, travaillons, aimons créons, militons. Nous assurons actuellement la majorité des tâches essentielles à la vie et à la continuité de cette humanité. Pourtant notre place dans la société reste sous-évaluée.

La Marche Mondiale des femmes dont nous faisons partie, identifie le patriarcat comme le système d’oppression des femmes et le capitalisme comme le système d’exploitation d’une immense majorité de femmes et d’hommes par une minorité de possédants.
Ces systèmes se renforcent mutuellement. Ils s’enracinent et se conjuguent avec le racisme, le sexisme, l’homophobie, le colonialisme, les guerres, le travail forcé. Ils font le lit des fondamentalistes et intégrismes qui empêchent les femmes et les hommes d’être libres.

Nous rejetons ce monde, nous proposons de construire un autre monde où l’exploitation, l’oppression, les exclusions, les guerres n’existeraient plus, en opposant une véritable culture de paix où l’intégrité, la diversité, les droits et les libertés de toutes et de tous seraient enfin respectés. Nous proposons une charte qui affirme les 5 valeurs qui seront lues par les militantEs.

Nous lancerons cette 3éme Marche Mondiale ce soir-là à Marseille et nous donnons rendez-vous pour les prochaines manifestations qui auront lieu au niveau local et national et international entre le 8 mars et le 17 octobre 2010.

Des actions collectives, en France, en Europe et dans le monde seront organisées autour des quatre thèmes communs aux femmes du monde entier :

  Biens communs et biens publics : (Il s’agit de besoins basiques pour une vie digne comme la nourriture, l’eau, la terre, le logement, les connaissances et l’accès aux services publics d’éducation, de santé, d’énergie etc.).

  Paix et démilitarisation : (La paix comme condition de vie pour toutes et tous)

  Travail des femmes et autonomie financière : l’autonomie économique des femmes se réfère à leur capacité à pourvoir elles -mêmes à leurs besoins ainsi qu’à ceux des personnes qui dépendent d’elles. Dans ce sens, l’autonomie économique est une notion plus large car elle comprend aussi l’accès à la sécurité sociale et aux services publics.

  Violence envers les femmes : Cette violence est structurelle, c’est une caractéristique inhérente au système patriarcal et capitaliste dont des hommes, des groupes d’hommes, des institutions et des états se servent pour contrôler la vie, les corps et la sexualité des femmes. Cette violence touche toutes les femmes et dans tous les milieux.

Localement sur les Bouches-Du-Rhône, nous allons organiser des actions revendicatrices autour de ces 4 thèmes

Nous appelons à se mobiliser :

  Les 12 et13 juin 2010 pour une grande manifestation nationale à Paris

  Fin juin, début juillet pour la rencontre européenne de la Marche qui aura lieu à Istanbul

À l’occasion de la coupe du monde de football qui se tiendra en Afrique du sud en juillet 2010, nous inviterons à participer à l’organisation d’une campagne mondiale contre un système prostitutionnel quasi-officiel qui va y trouver droit de cité.

L’arrivée à Bukavu en RDC

Nous terminerons cette marche de solidarité internationale féministe le 17 octobre 2010 par un rassemblement mondial à Bukavu en République Démocratique du Congo. Aujourd’hui, dans le conflit de la région des grands lacs qui dure depuis plus de 10 ans, les femmes ont payé un lourd tribut. Déjà défavorisées par le système patriarcal dans leur vie quotidienne, elles ont été victimes de viols à grande échelle dans les camps de réfugiés. Ces viols ont entraîné la propagation de VIH, des traumatismes graves et multiples. Les femmes de cette région, engagées dans la Marche mondiale des femmes, ont demandé aux féministes du monde entier de terminer la marche en se rendant au sud Kivu en 2010. L’objectif étant de dénoncer, de rendre visibles les exactions faites par les groupes armés et de les soutenir par notre solidarité, dans les actions qu’elles mènent pour trouver une solution de paix durable.

Avec elles, nous exigeons la paix comme condition de vie. Nous demandons l’application de la résolution 1325 du conseil de sécurité de l’ONU qui souligne de manière spécifique l’impact de la guerre sur les femmes, et requiert que les états membres incluent les femmes dans toutes les négociations de paix et dans tous les processus de résolution de conflits. Cette résolution est le résultat du travail des Organisations de Femmes et des actions de la Marche Mondiale des Femmes lesquelles doivent continuer à faire pression sur les décideurs de l’ONU

Partout dans le monde, les droits et les libertés sont systématiquement attaqués, soyons vigilantes, n’acceptons pas de les voir régresser

Pas d’avenir possible pour l’humanité, sans respect de l’intégrité des Femmes, sans égalité entre les femmes et les hommes, sans partage équitable de la richesse collective

Nous appelons les Femmes et les Hommes qui partagent les valeurs de la 3^e marche mondiale à nous rejoindre pour que les droits des femmes avancent sur tous les continents.

Ensemble, nous devons changer la vie des Femmes pour changer le monde

Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous resterons en marche.

Pour Marseille [3] le rendez-vous est le lundi 8 mars à 17h 30 aux Mobiles (haut Canebière)