En ce 8 mars...

Fiction/réalité féministe !
mercredi 8 mars 2006
popularité : 4%

Karine avait insisté ce soir-là pour que ce soit sa grand-mère Lili, qui lui lise l’histoire.

Lili, s’est un jolie nom pour une mamie pensait Karine et heureusement puisque qu’Adeline ne voulait pas de mamie ou autre mémé. Elle avait imposé Lili, le diminutif que lui donnaient ses amis depuis l’école primaire.

Karine ne comprenait pas pourquoi sa mère ne semblait pas ravie que Lili la remplace pour l’histoire.
Pourtant, elle voyait bien que certains soirs sa mère semblait lasse et écourtait la lecture ou choisissait exprès des histoires courtes. Quant à son père, Karine n’arrivait jamais à lui faire chanter une chanson après l’histoire qu’il choisissait, lui aussi, la plus courte possible !

Karine espérait bien qu’avec Lili, ce soir l’histoire durerait très longtemps et retarderait le moment où la porte se refermait pour de longues heures de silence, de noir et de solitude.

Lili était magnifique avec sa nouvelle coupe de cheveux « plus pratique pour le casque de moto de mon nouveau fiancé », avait-elle justifié devant la moue de sa fille.
Karine trouvait que Lili changeait un peu trop souvent de fiancé, elle aurait aimé s’attacher à certains, mais surtout elle redoutait les scènes que cela provoquait entre sa mère et sa grand-mère.

Lili pouvait être méchante. N’avait-elle pas répliqué à sa fille : « Je crois que tu n’as jamais été jeune ».
Karine s’était enfuie dans sa chambre pour ne pas voir sa mère pleurer. Elle avait juste entendu la porte claquer et vu sa grand-mère s’éloigner dans la rue, la veste jetée sur son épaule comme un sac de marin.

Ce soir, tout s’était bien passé et on avait beaucoup ri au récit de la dernière manif de mamie. Elle était monteuse de cinéma. Elle avait l’âge de la retraite maintenant et travaillait très peu, alors elle rejoignait souvent les intermittents et défiait les CRS qui n’osaient pas toujours lui interdire le passage ou la repousser derrière les barrières ! Si la télévision avait montré les intermittents samedi soir pour la remise des César, on aurait vu mamie, lui a dit sa mère, mais ils ont préféré montrer des images des vieux César et Karine avait attendu en vain de voir apparaître sa grand-mère à côté des stars du jour.

Mais, ce soir, elle était tout à elle Lili ! Et même si elle ne l’avait pas vue cette fois à la Télévision, elle savait que sa grand-mère était une héroïne !
Quand elle serait grande, Karine voulait faire comme Lili, du cinéma, de la moto et des manifs.

« Bon maintenant au lit », avait lancé sa mère d’un ton gai mais péremptoire.
« Et ne lui raconte pas n’importe quoi, qu’elle fasse de jolies rêves ta petite fille ».
« Viens Karine, je vais te raconter deux histoires pour me faire pardonner de ne pas être venue te garder la semaine dernière », lui souffla Lili à l’oreille !
Karine était folle de joie, deux histoires, Lili était vraiment une mamie formidable !

« Alors qu’est-ce que tu choisis ? « L’âne de Monsieur Seguin » ou « Le rouge-gorge et les sept sorcières » ? »
« Mais mam... euh..Lili, tu te trompes, c’est Blanche neige et les sept nains et la chèvre de Monsieur Seguin ! »
« Je ne les connais pas ces histoires », avait répondu de manière désinvolte sa grand-mère .

« Mais je connais « L’ébéniste du Bois dormant ».
« Il était une fois un ébéniste pas très beau, mais très intelligent. Son beau-père le détestait parce qu’il le gagnait toujours aux cartes et aux échecs... »
Karine renonça à protester devant cette version de « La Belle au bois dormant ».

Elle se blottit dans les bras de sa grand-mère et respira son parfum jusqu’à l’ivresse en écoutant sa belle voix grave de fumeuse. Karine se concentra pour surtout ne pas s’endormir et pouvoir demander une chanson après l’histoire : une chanson en catalan qu’elles reprendraient en chÅ“ur pour le refrain. (Eueueueu......Tomba)



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur