Wade, le FMI et la valise compromettante

samedi 7 novembre 2009
popularité : 4%

En guise de cadeau de départ, les autorités sénégalaises ont remis au représentant du Fonds monétaire international près de 200 000 euros en liquide. L’affaire suscite l’ire du nouveau quotidien Kotch.

Il est enfin tombé, le communiqué du Fonds monétaire international (FMI) attendu depuis l’éclatement de l’affaire Segura, survenue le 25 septembre dernier, du nom de son ex-représentant au Sénégal, parti en fin de mission avec comme cadeau des autorités sénégalaises une très forte somme d’argent – finalement rendue. Ce communiqué n’aura été publié qu’à quelques heures de l’arrivée d’une mission du FMI à Dakar : le ton, le choix des termes, les tournures alambiquées et les contorsions lexicales laborieuses n’ont pu étouffer les exhalaisons nauséabondes de cette affaire. On l’avait compris dès le début, on en a la confirmation avec la publication de ce communiqué : le président Abdoulaye Wade et Alex Segura se sont rendus coupables, chacun en ce qui le concerne, d’un acte inqualifiable qui a jeté l’opprobre sur le ­Sénégal.

Comment comprendre qu’un chef d’Etat qui s’entend dire de la façon la plus officielle qu’un agent du FMI en fonction ne ­saurait accepter une décoration, puisse quand même oser lui offrir une telle somme d’argent, plus de 150 000 euros et 50 000 dollars ? L’argument des autorités consistant à dire qu’on ne corrompt pas un agent en fin de mission est appréciable. Mais il résiste mal à l’analyse qui rappelle le refus de la décoration et surtout la valeur ­monétaire offerte. On ne corrompt pas un ­fonctionnaire en partance, mais on ne connaît nulle part au monde un endroit où un “cadeau de départ” se chiffre à 100 000 euros et 50 000 dollars. A moins que la présidence ne se soit transformée en une gigantesque tirelire aux mains d’un homme qui confond les deniers publics avec sa caisse personnelle. On comprend pourquoi l’Etat éprouve des difficultés financières à approvisionner le pays en électricité, quand des cadeaux de plusieurs dizaines de millions y sont considérés comme des broutilles.

C’est là, non pas une tradition sénégalaise, mais plutôt un acte de mafieux. La vulgarité est innommable qui consiste à donner une telle somme dans ces conditions. Rien que le transport d’une telle somme, en liquide, d’un pays à l’autre est constitutif d’un acte délictueux. Alex Segura aurait eu toutes les peines du monde à dépenser la somme de 85 millions CFA en liquide, encore plus à la déposer dans n’importe quelle banque du monde. Et que dire du FMI, chevalier “blanc” de la lutte contre la corruption, parangon de la bonne gouvernance, qui, deux semaines après ce scandale, se cache toujours derrière son petit doigt et parle ­toujours d’“incident” ? L’institution née à ­Bretton Woods est, à travers son agent, aussi coupable que le président Wade dont ils disent qu’il a avoué son “erreur”. Quand il s’agit de nos chefs d’Etat, on entend jusqu’au fin fond de l’Afrique les rires sardoniques et les railleries mesquines des Occidentaux, qui, à travers leur presse bien-pensante, s’en prennent aux Africains comme s’ils étaient de grands enfants qui n’étaient pas entrés dans l’Histoire. Mais dès qu’il s’agit d’un Occidental, on lui trouve des plus indulgentes circonstances atténuantes.

Sources 05.11.2009 Kotch
Abou Abel Thiam

Transmis par Linsay


En médaillon le président Abdoulaye Wade lors du Forum économique mondial



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur