Acheter du sexe n’est pas un sport

MINABLES messieurs les ministres
lundi 13 février 2006
popularité : 3%

Transmis par Dominique Serra

Le championnat du monde de football approche. Le tirage au sort est fait
depuis plus d’un mois. La Suède va jouer à Dortmund, Berlin et Cologne. Les
billets sont pris d’assaut. Les pages sports des quotidiens donnent des
tuyaux pour accéder aux stades et pour s’occuper entre les matches.

Ce que l’on ne dit pas, ni dans les pages annexes des documents de voyage,
ni dans les pages sports, qui écrivent des articles sur les footballeurs et
leur capacité de tirer des buts, c’est comment les hommes vont tirer un coup
entre ou après les matches. Si l’on a besoin de fêter une victoire ou de
se consoler après une défaite, dans tous les cas les corps des femmes seront
accessibles ! C’est une conception répandue, largement admise pour ces
occasions, que le sport et l’exploitation sexuelle des femmes vont depair,
la main dans le gant. Norman Jakob, avocat du groupe d’investisseurs qui
va construire une partie des nouveaux bordels prévus a dit que « le foot et
le sexe vont étonnamment bien ensemble » ( Journal Dagens Nyheter du 11
novembre 2005) . L’excitation appelle le déclenchement du plaisir,
rapidement, sans obstacles, beaucoup plus facile à avoir que les billets
pour les matches.

L’Allemagne, qui autorise sans scrupules la prostitution, met les petits
plats dans les grands pour réaliser des mégabordels avec suffisamment de
chambres, permettant d’acheter les services de cent prostituées
simultanément. Ceci n’est pas encore suffisant, il y aura donc des services
express. On les appelle « Performance boxes », sortes de petites cabines « 
carte-pousse-la -porte » équipées de distributeur de préservatifs, boissons,
bonbons et snacks. L’ensemble est bâti sur l’idée que la sexualité des
hommes est indiscutablement non-contrôlée, la conception de base est la
satisfaction de besoins immédiats sur place.

Plusieurs organisations de femmes allemandes et des organisations suédoises
ont tiré la sonnette d’alarme. Elles estiment que 30.000 à 100.000 femmes
vont venir, surtout des pays baltiques. On va les tromper en leur faisant
croire qu’elles auront des emplois de service, notamment comme serveuses
dans les bars et restaurants. En réalité on les obligera à se prostituer.
Il se prépare une gigantesque occasion pour le marché du trafficking. C’est
un marché d’exploitation sexuelle des corps d’êtres humains, une traite
moderne d’esclaves laquelle est totalement interdite-même en Allemagne-
Toute l’industrie du sexe prépare des crimes graves , en prévision du
Championnat du Monde de foot.

Pour cette raison, le ministre de l’égalité entre les sexes et le ministre
des sports ont été interpellés au Parlement , notamment par moi. Leurs
réponses sont les mêmes que leur article dans le journal Aftonbladet du 29
décembre dernier : « Nous condamnons ! » en ajoutant et en sommant les gens
 : « Faites-le aussi ! »

Ah bon ? Et après ? : ça continue comme avant ! Il faut chercher longtemps
une attitude aussi paralysée de hauts responsables politiques , évidemment
c’est bien que des ministres condamnent, autre chose aurait-il été
concevable ? Quelqu’un aurait pu penser qu’ils donnent leur appui à cela,
soit dans une question écrite au Parlement, soit dans la presse ? Les
ministres écrivent dans cet article que « notre conception d’ hommes
suédois/ S / en Suède ou à l’étranger est qu’ils ne peuvent soutenir une
industrie qui exploite, avilie et offense le corps des femmes » Mais alors,
comment intervenir ? Est-on d’accord pour que les hommes suédois achètent du
sexe ? Est-il acceptable que l’UE ferme les yeux sur l’organisation
criminelle en préparation qui va conduire à un marché que les ministres
eux-mêmes nomment « une traite d’esclaves indigne de notre temps » ?

La réaction normale des hauts responsables politiques devrait être la
convocation immédiate d’une réunion des ministres responsables de l’Union
Européenne. Les ministres de l’Intérieur, de la Justice, de l’Egalité et de
la Parité et du Sport devraient tenir une réunion au sommet avec des
directions d’Etat, des ONG concernées qui connaissent et ont la compétence
pour traiter ces questions. Il y a plusieurs organisations qualifiées en
Suède et au sein de l’UE. Le but commun étant, par une collaboration
efficace et au delà des frontières géographiques, politiques et des
autorités, d’agir afin que les craintes des organisations des femmes ne se
réalisent.
Le marché du corps des femmes doit être interdit, dans toutes ses
dimensions. Puisque nous ( les ministres et moi même) sommes d’accord que
la prostitution est une forme de violence des hommes envers les femmes,
alors le trafficking doit être considéré comme une violence encore plus
grave. Si la sécurité des êtres humains ne peut être garantie dans une
société, alors nous sommes face à un problème de sécurité nationale et
internationale. La violence envers les femmes est un problème de sécurité
mondiale gigantesque. L’action politique doit être en accord avec les
déclarations et les titres officiels.

Quelques footballeurs de l’équipe de Suède furent accusés il y a quelque
temps d’abus sur une femme. Il y a eu sur cette affaire de nombreux articles
de presse. Les pouvoirs publics en parlaient en terme de scandale . Une
journaliste écrivait dans la page sports « Cela s’est toujours produit, mais
seulement on est plus discretsS » Après la tempête, le calme est revenu.
Mais quelque chose a t-il changé , au fond ? Quelle est la vision du
rapport entre hommes, matches et machisme ?

Quand verrons-nous Messieurs les Ministres et les Journalistes traiter cette
question avec force ?

Gudrun Schyman
Députée
Porte parole de l’Initiative Féministe FI
Suède
12 janvier 2006
La Coalition Internationale Contre la Traite des Femmes (CATW) lance une
pétition internationale contre l’organisation de la prostitution à
l’occasion de la Coupe du Monde de Football en juin et juillet 2006.

Texte de la pétition

Acheter du sexe n’est pas un sport.

Dites non à la prostitution des femmes pendant la Coupe du Monde de Football
en 2006.

Du 9 juin au 9 juillet 2006, 12 villes allemandes accueilleront la coupe du
monde de Football. 36 millions de spectateurs environ - majoritairement des
hommes - sont attendus ; et l’on estime à 40 000 le nombre de femmes
« importées » d’Europe centrale et d’Europe de l’Est vers l’Allemagne pour les
« servir sexuellement ».

L’Allemagne a légalisé le proxénétisme et l’industrie du sexe en 2002.
Pourtant les quartiers réservés ne pourront contenir les milliers de
touristes sportifs/sexuels prévus. En prévision de cet afflux, l’industrie
du sexe Allemande a érigé un gigantesque complexe prostitutionnel en
prévision du « boom commercial » durant la Coupe du Monde.

« Le football et le sexe vont de pair », déclare l’avocat du nouveau
mégabordel de 3000 m2, pouvant accueillir 650 clients masculins, construit à
côté du principal stade de la Coupe du Monde à Berlin. Sur des zones
clôturées de la taille d’un terrain de football, on a construit des cabanes
du sexe » ressemblant à des toilettes appelées, « cabines de prestation ».
Capotes, douches et parking sont à la disposition des acheteurs avec un
souci particulier de protéger leur « anonymat ».
Nous, personnes individuelles et organisations concernées, déclarons que :
· Acheter du sexe n’est pas un sport. C’est une exploitation sexuelle qui
porte physiquement et psychologiquement atteinte aux femmes, et qui
considère leur corps comme une marchandise pouvant être achetée et vendue.

· Traiter le corps des femmes comme une marchandise viole les standards
internationaux du sport qui promeuvent l’égalité, le respect mutuel et la
non-discrimination. Le président de la FIFA J.F. Blatt reconnaît « le rôle
prépondérant du sport, et notamment du football comme porteur de messages
clairs contre les fléaux qui rongent la société du monde entier. » Comment la
Coupe du Monde de Football contribuera-t-elle à éradiquer le fléau de la
traite et de l’exploitation sexuelle ?

· Les hommes d’honneur n’achètent pas du sexe car ils respectent la dignité
et l’intégrité de l’être humain.

· Non à l’organisation de la prostitution durant la Coupe de Monde de
Football

Nous, signataires de cette déclaration, demandons que :

· Les 32 pays participant à la Coupe du Monde de Football, qui ont ratifié
les Conventions et/ou Protocoles contre la prostitution et la traite,
s’opposent à la promotion de la prostitution par l’Allemagne, et dissocient
publiquement leur équipe de l’industrie de la prostitution.

· Les membres des équipes de football rendent publique leur opposition à
l’exploitation sexuelle des femmes.

· Le Comité Fifa et son président, remplissent leur devoirs de
responsabilité sociale, en s’opposant au lien établi entre le football et le
commerce du sexe. Nous leur demandons de protester contre l’exploitation
sexuelle des femmes, auprès du gouvernement allemand et de sa chancelière
Angela Merkel, auprès de la Fédération Allemande de Football et de son
président Gerhard Mayer-Vorfelder.

· Le gouvernement allemand et sa chancelière Angela Merkel, et la
Fédération allemande de Football et son président Gerhard Mayer-Vorfelder
arrêtent la traite des femmes aux fins de prostitution, en décourageant la
demande qui favorise la prostitution.

· Les personnes individuelles et organisations concernées se joignent à
cette action en signant cette déclaration de protestation contre la
promotion publique de la traite et de la prostitution des femmes.

Merci de signer la pétition

Prière également de la transmettre autour de vous et dans vos réseaux.
Malka Marcovich,
Directrice pour l’Europe de la Coalition Contre la Traite des Femmes
Contact pour la Coalition Contre la Traite des Femmes Europe :
catwe@free.fr




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lundi 12 juin 2006 à 05h48 - par  Charles Hoareau
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lundi 5 juin 2006 à 07h41 - par  Fred Bisca

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