Les Juifs, le Sionisme et Israël

samedi 31 décembre 2005
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Nous commençons avec cet article la publication d’une série de textes que Pierre Stambul vice président de l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) nous a envoyés et qui traitent de la question de la Palestine.

Soutenir le peuple palestinien

Il est difficile de ne pas commencer par l’actualité.
Dans la guerre qui oppose le gouvernement et l’armée israélienne au peuple palestinien, il y a un occupant et un occupé.Il y a un peuple qui compte ses morts par milliers, qui subit tous les jours les pires humiliations, à qui on vole la terre et l’eau, dont on détruit les maisons et les infrastructures. Et il y a des colons, fanatisés et surarmés dont la présence est la cause principale de la guerre. Il y a des Palestiniens qui ont fait une concession majeure : limiter leur futur état aux territoires occupés en 1967 soit 22 % de la Palestine historique. Et il y a une classe politique israélienne qui reste autiste. La droite rêve toujours d’Israël du Nil à l’Euphrate et d’une expulsion massive des « Arabes ». Quant à la prétendue gauche, elle n’a jamais imaginé autre chose pour les Palestiniens qu’un « bantoustan ». Et elle n’a jamais cessé la colonisation.

Je n’idéalise pas la société palestinienne qui a aussi ses intégristes ou ses racistes. Mais le peuple palestinien n’a qu’un seul choix : résister malgré les massacres et les humiliations. Il a besoin de notre soutien total. On ne peut donc pas se contenter « d’être pour la paix » ou de renvoyer dos-à-dos les belligérants. On doit exiger le retrait d’Israël de tous les territoires occupés en 1967, le démantèlement de toutes les colonies et l’expulsion de tous les colons.

La question centrale

D’autres seront beaucoup plus compétents que moi pour parler de cette guerre. Je vais donc limiter mon intervention à une question cruciale pour la suite de la guerre. Pourquoi la grande majorité des Juifs soutiennent-ils, quoi qu’il fasse, le gouvernement israélien (la manifestation du CRIF vient hélas encore de le prouver) ? Pourquoi, à l’heure où l’on réalise (enfin) les ravages des nationalismes, le Sionisme reste-t-il si populaire chez les Juifs ? Comment un peuple qui a subi l’extermination nazi peut-il pratiquer ou approuver les violations quotidiennes des droits les plus élémentaires ?

Ma réponse, et c’est ce thème que je vais développer, c’est que le Sionisme et l’Etat d’Israël constituent une espèce de perversion de l’identité Juive (qui est essentiellement liée à la diaspora) et que la dérive actuelle est la conséquence d’une réécriture de l’histoire du Judaïsme. La construction artificielle d’une prétendue identité israélienne s’est faite en détruisant les langues, les cultures et les valeurs des Diasporas. La société israélienne est malade et éclatée. Sa seule cohésion, c’est le fantasme de l’encerclement hostile et de la destruction, c’est l’agitation perpétuelle du souvenir de l’antisémitisme et de la Shoah. Mais là encore, il y a à mon sens, une escroquerie. Le Sionisme n’a aucune vocation à lutter contre l’antisémitisme et n’a aucun droit à récupérer la Shoah.

Qu’est-ce qu’être Juif ?

Au départ, il y a un peuple lié à une religion et à un territoire mais tout s’est modifié après la destruction du IIe temple par les troupes romaines (70 ap JC). La dispersion (diaspora) a entraîné de nombreuses conversions (dans les deux sens). Il est clair que, physiquement, un Juif éthiopien (Falacha) ne ressemble pas à un Juif d’Afrique du Nord ou à un Juif d’Europe centrale. On est au départ juif par religion. L’Inquisition espagnole passera à une définition raciale puisque, après l’expulsion des Juifs, elle s’en prendra aux « conversos » et aux Marranes, bref à tous ceux qui ont « du sang juif ». L’antisémitisme moderne et en particulier le nazisme définira également les Juifs comme une « race » inférieure qu’il faut anéantir. Mais le Sionisme aussi donne une définition « raciale » du judaïsme. On est juif « par sa mère ». Ainsi, moi qui suis né de parents Juifs, athée, non circoncis, antisioniste et de culture française, je peux devenir automatiquement citoyen israélien si j’émigre alors qu’un « Arabe israélien » (terme désignant les Palestiniens qui ne sont pas partis en 1948) sera toujours un étranger dans son propre pays qui se définit comme un « Etat juif ».
On confond trop souvent le peuple juif (ou plutôt les peuples juifs, car les histoires des diasporas ont beaucoup divergé), la religion israélite, l’idéologie sioniste et la nationalité israélienne. Il s’agit de 4 concepts bien distincts.

Il existe une version tragique de l’histoire des Juifs. C’est celle « du Dernier des Justes », le livre d’André Schwartz-Bart (1959). C’est l’histoire d’une famille qui commence avec le pogrom d’York en Angleterre au Xe siècle et qui s’achève à Auschwitz où le dernier descendant est gazé. L’histoire des Juifs n’a pas toujours été aussi tragique. C’est avant tout celle d’un peuple sans territoire qui a appris (comme les Tsiganes) à défendre son identité, ses valeurs, sa culture malgré l’adversité. Un peuple qui, par nécessité, a développé des formes d’universalisme, de cosmopolitisme. Un peuple forcé de vivre dans des « ghettos » et de pratiquer les métiers interdits aux autres (dont l’usure). Un peuple qui a emprunté chez d’autres peuples (espagnol, allemand, arabe) ses langues (le ladino, le yiddish, le judéo-arabe), sa musique et une partie de sa culture.

L’antisémitisme.

Au départ les Juifs ont subi un antijudaïsme essentiellement chrétien (les Juifs étant « déicides »), marqué par des massacres (les Croisades ont commencé par un génocide contre les Juifs de la vallée du Rhin) et des pogroms (en Espagne, en Europe orientale). Dans les pays musulmans, les Juifs avaient un statut, comme toutes les minorités religieuses pratiquant une « religion du Livre ». Statut d’infériorité mais qui les protégeait, sauf en cas de crise, des exactions. L’antijudaïsme religieux va prendre une nouvelle forme dans l’Espagne du XVe siècle. L’unification du pays et la construction d’un Etat moderne s’accompagne d’une véritable « purification ethnique » contre les Maures et les Juifs.

La sortie du ghetto commence en Allemagne au début du XVIIIe siècle. Elle se poursuit avec les droits qu’obtiennent les Juifs européens après la Révolution française. Cette possibilité de sortie du ghetto se traduit chez les Juifs par un profond désir d’assimilation, par une distanciation avec la religion et par une adhésion massive à la laïcité, aux idées des « Lumières », voire aux idées révolutionnaires naissantes.

L’antijudaïsme chrétien traditionnel cède alors la place à l’antisémitisme moderne. Le Juif personnifie celui qu’on ne voit pas mais qui est là, qui ressemble à l’autre mais qui est « impur ». Il est haï, non pas parce qu’il vit ailleurs, mais au contraire parce que socialement il s’est intégré et qu’il brise les délires de société homogène, ethniquement pure et parfaitement ordonnée. Il est perçu comme un obstacle à la construction (nationaliste) des états modernes. Il est significatif que le pays où l’antisémitisme a atteint sa forme la plus extrême (l’Allemagne) est celui dont les Juifs étaient culturellement les plus proches. Les Juifs européens parlaient une langue dérivée de l’allemand. De très nombreux intellectuels, écrivains, artistes ou hommes politiques allemands étaient juifs ou d’origine juive. La figure juive qui est insupportable à l’antisémite pathologique, c’est celle de Marx, de Freud, de Kafka, de Rosa Luxembourg, bref c’est cette forme d’universalisme ou de pensée rebelle.

C’est là qu’il faut éviter tout contresens avec les attaques actuelles contre des synagogues ou des écoles juives. Ces attaques imbéciles, fort bien condamnées par Leïla Shahid viennent de gens qui font les mêmes assimilations hâtives que les Sionistes. Ils mélangent juif, israélite, israélien et sioniste. Ils s’imaginent que leur acte est une forme de protestation contre la violence de l’armée israélienne alors qu’ils desservent la cause palestinienne.

Encore une fois, l’antisémitisme historique, celui de Céline, de Brasillach ou du régime de Pétain ne s’en prenait pas à l’image du tankiste israélien. L’antisémitisme a frappé un peuple dont la culture minoritaire a disparu. La moitié des Juifs Européens a été exterminée par les Nazis. Et le Sionisme s’est ingénié auprès des survivants à faire disparaître la spécificité du peuple Juif en construisant un pays « ethniquement pur », reproduisant les mêmes tares que bien d’autres régimes qui ont cultivé ce mythe meurtrier.

L’antisémitisme a été un élément fondateur et fédérateur de toutes les formes de fascisme et il n’est pas étonnant que Le Pen reprenne régulièrement des thèmes antisémites. Mais l’antisémitisme n’a rien à voir avec l’antisionisme. Il y a des Juifs antisionistes (peu hélas) et il y a en revanche beaucoup de fascistes qui ont, dans leur racisme anti-arabe, une certaine admiration pour Israël. Encore une fois, il faut lutter contre toute banalisation de l’antisémitisme ou de l’antijudaïsme. Mais en s’engageant à fond dans le soutien à Sharon, les « institutions Juives » (je reviendrai plus loin sur le CRIF) favorisent la confusion et en profitent pour inciter les Juifs français à émigrer en Israël.

Le Sionisme et la réécriture de l’histoire.

Il est symptomatique de constater que les dirigeants sionistes ont toujours eu le souci de propager une version de l’histoire du judaïsme qui fasse de la construction de l’Etat d’Israël un aboutissement naturel. Ainsi Shamir, à l’ouverture de la conférence de Madrid (1991, premier pas vers les accords d’Oslo) affirme que les Juifs sont en Palestine sans interruption depuis 4000 ans. C’est bien sûr faux. Entre la prise de Massada par les Romains (vers 130 ap JC) et l’arrivée de Juifs Espagnols en Galilée à la fin du XVe siècle, il n’y a quasiment plus de Juifs en Palestine, en tout cas beaucoup moins en proportion que dans les pays voisins. Ministre de l’Education de Sharon, Mme Livnat en rajoute une couche. « La Palestine a été envahie par les Arabes comme l’Espagne et elle s’en est libérée comme l’Espagne (! !). Les Juifs seraient majoritaires à Jérusalem depuis 1868 » etc... Des délires ? Certes, mais les partisans de la Grande Serbie déliraient aussi en affirmant que les Albanais étaient des envahisseurs venus du Caucase et les génocidaires du Rwanda déliraient en affirmant que les Tutsis étaient des étrangers venus d’Ethiopie. On a vu le résultat de ces délires.

Il est facile de réécrire l’histoire. Dans le Golan occupé, j’ai vu des villages dynamités, des mosquées écroulées. Par contre, à l’entrée de Qatzrin ; la ville nouvelle israélienne, on a opportunément retrouvé les ruines d’une synagogue de l’Antiquité. Le tour est joué et l’annexion justifiée.

Le Sionisme se définit comme un « mouvement de libération national ». Il apparaît au moment de l’affaire Dreyfus et du pogrom de Kichinev. Jusqu’en 1945, il sera minoritaire parmi les Juifs européens. Il y avait 100.000 Juifs en Palestine au moment de la déclaration Balfour (1917) et 400.000 pendant la deuxième guerre mondiale (1/3 de la population de la Palestine). Les Juifs d’Europe à cette époque ont massivement abandonné toute pratique, voire toute croyance religieuse. Ils ont massivement adhéré aux idées révolutionnaires. On en trouve dans tous les partis et en particulier au P.C. Pour les nazis, Juif=Bolchévik. Un autre mouvement, le Bund est hégémonique en Pologne. Il prône la libération des Juifs par la révolution socialiste, l’égalité des droits et l’autonomie culturelle. Bref, face aux communistes pour qui « il n’y a pas de question juive » ou aux Sionistes qui revendiquent un territoire (avec le fameux mythe meurtrier de « la terre sans peuple pour un peuple sans terre »), les Bundistes proposent une émancipation des Juifs sur place, sans territoire spécifique.

Au départ, la « gauche » est largement majoritaire chez les Sionistes. Le Poale Sion sera en URSS un compagnon de route du P.C. jusqu’à son élimination par Staline. Les kibboutz sont fondés par des socialistes utopiques. Et les jeunesses sionistes (l’Hashomer Hatzaïr) serviront souvent d’antichambre à un engagement plus radical.

Mais les institutions juives qui s’installent en Palestine organisent dès le départ l’expropriation des Palestiniens de leurs terres. Dès 1930, apparaît la droite sioniste. Son chef, Jabotinski, se définit comme « révisionniste ». C’est un admirateur de Mussolini qui prône l’expulsion de tous les Palestiniens. C’est son programme que Sharon essaie d’appliquer aujourd’hui. La droite Sioniste n’est pas un accident de l’histoire. C’est la conséquence inévitable de toute logique nationaliste qui, au nom des prétendus intérêts d’un peuple, finit par nier les droits de tous les autres.

La Shoah.

Israël est une conséquence indirecte de la Shoah. Avant Auschwitz, l’idée que la seule solution pour les Juifs était d’avoir un état était largement minoritaire. Le génocide perpétré par les Nazis représente bien la barbarie absolue, l’énergie de l’Etat le plus puissant du monde étant entièrement tournée vers l’extermination de masse. D’autres régimes barbares ont essayé d’imiter les Nazis mais sans en avoir les moyens. Et il serait ridicule de comparer les atrocités actuelles commises en Cisjordanie ou à Gaza avec la Shoah.

Les Sionistes affirment que si Israël avait existé, les Juifs auraient été sauvés. Mensonge évident. La résistance Juive au Nazisme a été essentiellement communiste ou Bundiste. Les communistes juifs qui avaient massivement participé aux Brigades Internationales se sont engagés dans la résistance souvent contre l’avis du parti avant l’attaque de l’URSS par Hitler (voir l’exemple de Léopold Trepper., fondateur de « l’orchestre rouge »). Ils ont formé une large partie de la MOI main d’Å“uvre immigrée »), principal groupe de résistance à Paris en 1943. Les Bundistes ont joué un rôle déterminant dans l’insurrection du ghetto de Varsovie. Tous les Juifs n’ont pas eu la même conscience. L’UGIF (Union Générale des Israélites Français), ancêtre du CRIF, a collaboré avec le régime de Pétain en donnant ses fichiers et en sacrifiant les Juifs étrangers (lire Maurice Rajsfus). Il y a eu des Juifs collaborateurs espérant naïvement sauver leur peau. Le groupe Manouchian exécutera le traître Davidowicz et les insurgés de Varsovie liquideront l’administration (juive) du ghetto ?

Et les Sionistes ? Il a existé très peu de groupes de résistance sionistes. En Palestine, de nombreux Juifs se sont engagés dans l’armée anglaise (Moshé Dayan a perdu son Å“il en combattant les Pétainistes en Syrie) mais la droite sioniste est restée aveugle très longtemps. En 1942, le groupe Stern commettait toujours des attentats ... contre les Britanniques.

La fondation d’Israël.

Avec l’ouverture des archives, des historiens « dissidents » israéliens ont pu réécrire la vraie histoire de la guerre de 1948. Ilan Pappé montre que l’image du « David israélien face au Goliath arabe » est assez largement une invention propagandiste. Consciemment, la « communauté internationale » et l’ONU ont choisi de faire payer au peuple palestinien les crimes du Nazisme dont il n’était pas responsable. La visite en Allemagne Nazi du grand mufti de Jérusalem a été habilement utilisée.

Les Palestiniens appellent cette guerre la « Nakba » (la catastrophe). On sait maintenant qu’ils ne sont pas partis spontanément. Le plan « Dalet » (D en Hébreu) avait prévu leur expulsion et la supériorité militaire israélienne ne faisait aucun doute. Des villes comme Lydda (Lod) ou Ramla ont été vidées de leur population palestinienne en une journée. Là où les Palestiniens sont restés (Haïfa, Nazareth), ils le doivent à la présence militaire de l’armée britannique. Bien sûr, c’est l’Irgoun, bras armé de la droite de Begin, qui a réalisé le massacre de Deïr Yassine mais Pappé montre qu’il y avait complémentarité entre ces milices et la nouvelle armée israélienne.
La responsabilité des régimes arabes est écrasante. Ils ne se sont pas vraiment battus, ils ont même pactisé avec les Israéliens (pour la Jordanie, c’est évident). Ils ont contribué à peupler le nouvel Etat d’Israël en incitant assez vivement le million de Juifs des pays arabes à partir.

Une société à la dérive.


Israël s’est fondé sur des mensonges (la terre sans peuple, le départ « spontané » des « Arabes ») et sur la négation de l’existence et des droits du peuple palestinien. Le pays s’est transformé en une tête de pont de l’impérialisme américain dans la région. Au départ, la justification de l’existence d’Israël était que c’était la seule solution pour les Juifs persécutés dans le monde entier. Cette justification ne tient plus. Seule, une minorité d’Israéliens a connu ces persécutions. L’arrivée massive des Juifs du Monde Arabe, des Juifs soviétiques ou l’émigration actuelle correspondent à une autre histoire, celle d’un prétendu « retour identitaire ».

Le projet sioniste est devenu dès les années 50 un projet de conquête et de peuplement. Pour fabriquer l’Israélien nouveau, il a fallu détruire patiemment le « Juif », l’étranger, le cosmopolite, l’universaliste, l’exilé ... Il a fallu liquider les langues de la Diaspora. Il a fallu redéfinir le Juif, définition forcément raciale et religieuse. Le pays est devenu théocratique. Alors que les « laïques » étaient largement hégémoniques au départ, les religieux les plus fanatiques ont surfé sur ce pseudo repli identitaire. La conquête de nouveaux territoires en 1967 était préméditée. Les plans militaires étaient prêts depuis longtemps. C’est la « gauche » qui a installé les premières colonies.

La formidable progression de la droite, de l’extrême droite et des religieux est le résultat de cette fuite en avant. L’arrivée au pouvoir de Begin en 1977, c’est un peu comme si Salan et l’OAS avaient pris le pouvoir en France pendant la guerre d’Algérie. Tous les dirigeants de cette droite ont commis des crimes de guerre : Begin à Deïr Yassine, Shamir en commanditant l’assassinat du comte Bernadotte, Sharon en permettant l’entrée des milices phalangistes à Sabra et Chatila. Il y a clairement des Juifs fascistes (aussi choquant que cela puisse paraître) : le rabbin Meïr Kahane (assassiné) fondateur du Kach, l’assassin de Rabin (dont la famille est venu du Yémen, voilà le résultat d’une destruction de ses racines) ou le ministre Libermann qui rêve de bombarder le barrage d’Assouan. L’extrême droite est à la fois « laïque » (des partis comme le Tsomet, le Moledet) et religieuse (le Shass, le PNR, le Goush Emounim ...). Le projet d’installer des colonies dans les territoires occupés en attirant les immigrants par des subventions, des loyers ridicules et des installations luxueuses est un projet fasciste. Toutes ces colonies devront être démantelées.

Et la gauche israélienne ? Majoritairement (l’establishment travailliste), elle rappelle Guy Mollet pendant la guerre d’Algérie. Elle a organisé ou approuvé tous les mauvais coups contre la Palestine. Elle soutient le gouvernement Sharon. Elle est prête à accepter un Etat Palestinien mais réduit à un bantoustan : sans unité, sans viabilité, sans terres, sans eau, sans capitale. Il existe heureusement une minorité vraiment pacifiste : les réfractaires qui proclament que l’occupation corrompt toute la société et une poignée de personnalités (Amira Hass, Michel Warchawski, Ilan Pappé, Ury Avnery, ...). Quelques politiciens comme Yossi Beïlin, ou Abraham Burg évoluent vers ces positions.

En Diaspora, le Sionisme a transformé toutes les organisations juives en organismes de propagande et de soutien inconditionnel à la politique israélienne. C’est le cas notamment du CRIF (représentatif de rien du tout, la plupart des Juifs français qui ne fréquentent pas ce genre d’institution n’ont jamais été consultés).

Pour conclure.

On me dit parfois : « tu as de la chance. Comme Juif et fils de déportés, tu peux te permettre de dire certaines choses. Nous, on nous taxera d’antisémitisme. » (Moi, on me taxera de traître ou de Juif honteux). Il me semble qu’il faut raisonner autrement. Fait-on du racisme anti-arabe quand on dénonce le GIA ou les fous de Dieu ? N’y a-t-il pas au contraire urgence à défendre les Arabes qui refusent l’intégrisme ? Pour le Sionisme, c’est pareil. Non seulement il commet des crimes contre le peuple Palestinien, mais il constitue une pression intolérable contre les Juifs qui refusent la dérive nationaliste et le repli communautariste.

Le Sionisme représente pour l’histoire du Judaïsme un peu ce que représente Milosevic pour l’histoire du peuple Serbe : une dégénérescence, le résultat d’un processus nationaliste, un enfermement de la pensée dans une logique névrotique et au bout du compte beaucoup de crimes. Quand je dis cela, je ne dis pas qu’il faut détruire Israël. On ne refera pas l’histoire et les dirigeants Palestiniens l’ont bien compris. Ils ont aussi fini par comprendre l’importance de la Shoah. Mais les mensonges fondateurs, « la loi du retour », l’arrogance ... tout ceci doit cesser. La paix nécessitera à la fois un retrait de tous les territoires occupés, une égalité totale et une reconnaissance par l’Etat d’Israël de la « faute » originelle : les Palestiniens n’étaient pas responsables de la Shoah, on n’avait pas le droit de leur voler leur pays ... et de continuer à le faire.



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