Regards d’octobre 2008

jeudi 23 octobre 2008
popularité : 4%

FAIRE ECHEC A LA PRIVATISATION DE LA POSTE

Quelques jours avant la journée nationale de grève et de manifestations des postiers, la direction de la Poste a organisé le 18 septembre la quatrième édition de la Fête de la Poste sur le thème... « Souriez, vous êtes à la Poste ». Comme en rendait compte le quotidien « l’Echo du Centre » dans son édition du 27 septembre, « c’est toute la Poste qui est en fête pour célébrer les valeurs d’ouverture, d’écoute, de proximité et de convivialité auxquels les postiers sont attachés, témoignant ainsi de la volonté du groupe de faire de l’accueil de ses clients une priorité stratégique ».

C’est justement pour exprimer leur attachement à ces valeurs que les postiers défendent le service public que leur direction veut casser en ouvrant le capital de la Poste au privé et en faisant des « usagers » de simples « clients » d’un secteur marchand et concurrentiel. Derrière les décorations pour attirer et éblouir le client (les bureaux de poste ont tendance à devenir de vrais bazars !) se cachent les « valeurs » de la direction du groupe La Poste : « ouverture » aux capitaux privés, « écoute » des spéculateurs, « proximité » avec les entreprises privées…

Les postiers ont eu raison de se mettre en grève et de manifester le 23 septembre avec le soutien majoritaire des usagers (d’après un sondage CSA, 61% des Français refusent la privatisation). Ils sont fermement décidés à poursuivre leur mouvement. Pour avoir le maximum de chances de faire échec aux mauvais coups, encore faut-il en désigner les responsables, tous les responsables et à tous les niveaux. Sans avoir peur de les désigner, de les dénoncer pour mieux les combattre ! On est encore loin du compte comme l’ont montré la plupart des déclarations ou tracts des organisations syndicales ainsi que l’appel consensuel à un référendum qui ressemble de plus en plus à un rideau de fumée. A juste raison, la responsabilité du gouvernement Sarkozy est dénoncée. C’est effectivement lui qui veut ouvrir la poste aux capitaux privés avec comme conséquences la fin du tarif unique postal, la casse des statuts des personnels, l’accélération des licenciements et des fermetures des bureaux de poste, la détérioration des services rendus aux usagers considérés comme de simple « clients », la dégradation de la vie économique et sociale dans de nombreuses communes, l’accentuation des risques de désertification dans les régions rurales.

Mais force est de constater que rares ont été les déclarations de syndicats et de partis politiques pour replacer le projet Bailly-Sarkozy dans le cadre des politiques mises en œuvre sur le plan européen. Le processus de déréglementation et de libéralisation n’est pas né d’hier, il vient de loin. Il est même un des principaux fondements de la construction européenne (instaurée pour servir le capital) et il a touché progressivement tous les secteurs : télécommunications, énergie, transports….

Le secteur de la Poste n’a pas été épargné. C’est en 1997 qu’a été adoptée la première directive communautaire (97/67/CE) ouvrant le secteur postal à la concurrence conçue dès le départ comme « un jalon sur la voie de la libéralisation totale » comme l’avait confirmé la présidence irlandaise. De 1997 à 2002, le gouvernement de la gauche plurielle avait accepté l’ouverture progressive à la concurrence par la limitation du « domaine réservé » aux opérateurs publics. On comprend donc que la dimension européenne ait été évacuée ou minimisée dans l’appel commun des syndicats et partis de gauche. Le processus de libéralisation s’est achevé début 2008 avec l’adoption par le Conseil des ministres des 27 et le Parlement européen de la directive instaurant la libéralisation totale du secteur postal en 2011. Ce n’est pas un hasard si la Poste française veut ouvrir son capital et être introduite en Bourse en 2011.

C’est sans doute pour atténuer ou faire oublier leur responsabilité dans les décisions prises sur le plan européen que des responsables des partis de gauche prétendent que l’ouverture à la concurrence prévue par les directives n’entraîne pas obligatoirement une privatisation. Comme l’écrit « L’Humanité » du 23 septembre : "Les directives postales européennes libéralisent le secteur mais n’imposent pas le changement de statut des opérateurs publics ". Effectivement, selon les traités européens, le statut des opérateurs reste de la compétence exclusive des Etats. Mais, dans les faits, la libéralisation débouche le plus souvent sur une privatisation partielle ou totale, comme c’est le cas dans les secteurs des télécommunications, de l’énergie, des transports.

Bien entendu, il ne s’agit pas d’évacuer la responsabilité du gouvernement français dans la décision de privatiser la Poste qui serait imposée par Bruxelles. Ne faudrait-il pas mener de front le combat contre le projet de privatisation de la direction de la Poste et contre la transposition en droit national de la directive européenne de 2008 ? Comme d’autres secteurs sont également concernés par des directives de libéralisation, ne faudrait-il pas tout mettre en œuvre pour favoriser la convergence des luttes dans les entreprises publiques directement concernées ?

CAMPAGNE ANTICOMMUNISTE AU PARLEMENT EUROPEEN

Début 2006, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (qui regroupe des parlementaires nationaux de 47 pays d’Europe donc bien au-delà de l’Union européenne à 27) a adopté une résolution sur la nécessité d’une "condamnation des crimes des régimes communistes totalitaires". Refusant de faire une distinction entre l’idéologie communiste et la pratique de certains régimes qui en pervertissaient les valeurs, cette résolution visait à stigmatiser et condamner l’idéologie communiste, les organisations qui s’y réfèrent et leurs militants. Cette démarche a conduit l’assemblée à mettre sur le même plan le stalinisme et le nazisme.

Deux ans plus tard, cette croisade anticommuniste a été reprise au Parlement européen. En janvier 2008, des députés de droite originaires de Hongrie, de Pologne et des pays baltes ont déposé un projet de résolution demandant que le régime communiste soit considéré de la même manière que le régime nazi. Ce projet a débouché sur un débat en session plénière en avril 2008 et sur une déclaration écrite soumise à la signature des parlementaires européens. Il s’en est trouvé 409 issus des groupes de droite, socialiste et Verts pour signer cette déclaration qui est devenue le 22 septembre 2008 une résolution officielle du Parlement européen. Celle-ci propose que "la journée du 23 août soit proclamée journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme".

Cet amalgame revient à nier le rôle déterminant de l’Union soviétique et du mouvement communiste dans la lutte contre le nazisme. Une façon détournée de gommer Stalingrad des tablettes de l’histoire ! Souvenons-nous des paroles d’Albert Einstein après la victoire de Stalingrad :" Sans la Russie, ces chiens sanguinaires (...) auraient atteint leur but ou, en tout cas, en seraient proches." Parmi les signataires de cette résolution, on trouve des parlementaires de pays qui n’hésitent pas aujourd’hui à interdire des partis communistes, à emprisonner leurs dirigeants tout en fermant les yeux sur la restauration de symboles nazis et en tolérant l’impunité et la réhabilitation (voire la glorification) d’anciens criminels de guerre nazis.

Dès le lancement de la campagne anticommuniste au Conseil de l’Europe, le compositeur grec Mikis Théodorakis avait dénoncé ceux qui veulent "assimiler les victimes aux bourreaux, les héros aux criminels de guerre et les communistes aux nazis". La reprise de cette campagne au parlement européen vise clairement à banaliser le nazisme en le mettant sur le même plan que d’autres totalitarismes. Le président du groupe GUE/NGL, Francis Wurtz, a eu raison de rappeler ces paroles du secrétaire général du Conseil central des juifs d’Allemagne pour fustiger ceux qui osaient comparer l’ex-RDA et le régime nazi :"Toute tentative de les mettre en parallèle est une relativisation ahurissante du déni de droit de la déportation et de l’extermination de masse de millions d’hommes, de femmes et d’enfants innocents pendant la dictature nazie".

De leur côté, les associations des survivants des camps de concentration nazis ont toujours refusé de faire l’amalgame entre stalinisme et nazisme. Le co-président du groupe des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit (qui a signé la déclaration écrite), n’en a tenu aucun compte en soulignant que le nazisme et le stalinisme étaient deux totalitarismes singuliers mais qu’ils partageaient des similitudes structurelles. Ce n’est pas l’avis des historiens sérieux qui jugent absurde d’assimiler stalinisme et nazisme. Comme le faisait remarquer l’historien Roger Martelli dans "l’Humanité" du 25 janvier 2006 : "Il y a eu des communistes antistaliniens, jamais des nazis antifascistes".

Tout en essayant de façon insidieuse de banaliser le nazisme, cette campagne anticommuniste est déclenchée au moment où monte, en Europe et dans le monde, un mouvement de contestation des politiques néolibérales et de construction d’alternatives. Au-delà de la condamnation du communisme, l’objectif est de stigmatiser tout projet anticapitaliste et de discréditer le socialisme comme alternative au système capitaliste porteur d’exploitation, d’oppression et de guerres. Ne serait-il pas souhaitable de répondre à cette campagne en proposant de faire du 8 mai une journée européenne de la victoire contre la barbarie nazie et de commémoration de ses victimes ?

L’EUROPE EN BREF

- Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a plaidé le 8 septembre à Athènes pour « une Europe sociale animée par l’esprit d’entreprise » au cours d’un colloque organisé par le comité économique et social européen sur le thème « L’esprit d’entreprise à visage humain ». Les milliers de salariés licenciés, délocalisés ne manqueront pas d’apprécier….

- Les aides publiques aux ports doivent être encadrées, a demandé récemment le Parlement européen. Avec l’objectif de les limiter et ne pas « nuire à une saine concurrence au sein des ports ».

- Le premier sommet européen sur les Roms s’est tenu le 16 septembre à Bruxelles deux semaines après que l’Union européenne (par la voix du commissaire français Jacques Barrot) ait décidé de tolérer le fichage des populations roms en Italie. Les Roms sont la communauté en Europe (10 à 12 millions de personnes) la plus victime de discrimination en matière de logement, d’éducation et d’accès aux services de santé.

- Le Conseil de l’Europe a adopté une résolution qui demande aux 47 Etats membres de dépénaliser l’avortement et de garantir l’accès à ce droit pour toutes les femmes.

- Les augmentations moyennes des salaires ont baissé en 2007 dans l’Union européenne à 27 (2,3% contre 2,7%) ; mais dans l’Union européenne à 15, l’augmentation moyenne du salaire réel est tombée à 0,2% (contre 0,8% en 2006).

- L’énergie nucléaire a gagné en popularité dans l’Union européenne : d’après un sondage d’Eurobaromètre (réalisé en février et mars 2008 auprès de 26 746 citoyens des 27 Etats membres), le soutien au nucléaire a augmenté depuis 2005 : 44% contre 37% ; mais les citoyens insistent pour qu’une solution soit trouvée au problème des déchets radioactifs au lieu de le transmettre aux futures générations (plus de 30% de l’électricité dans l’Union européenne est d’origine nucléaire, dont près de 80% en France, 70% en Lituanie, 56% en Belgique et Slovaquie, près de 50% en Suède.

- Une proposition de directive visant à harmoniser l’assiette de l’impôt sur les sociétés devrait être présentée avant fin 2008 par Laszlo Kovacs, commissaire européen chargé de la fiscalité. Une harmonisation par le bas ?

- Le comité européen des droits sociaux du Conseil de l’Europe a estimé, dans un récent rapport, que la France viole la Charte sociale européenne sur le droit au logement (article 31) ; les critiques portent sur une insuffisance de logements sociaux, des carences de la politique d’aide aux sans-abri, un manque de lieux d’accueil pour les gens du voyage, un trop grand nombre de logements insalubres.



Commentaires

Sites favoris


20 sites référencés dans ce secteur