« Ce que j’attends de la justice »

jeudi 28 août 2008
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Il y a deux ans Jérôme Bianco décédait dans un accident du travail. Ce vendredi 29 août l’audience qui doit déterminer les responsabilités arrive enfin.
Déterminera-t-elle l’enchaînement des responsabilités ?
TFN, major du nettoyage, [1], ne semble pas prête à assumer les siennes, elle qui contestait jusqu’à ces jours-ci la nomination du délégué CGT, syndicat qui s’est porté partie civile dans cette affaire. [2]. Car comment ne pas voir un lien de cause à effet entre cette contestation et l’exigence du syndicat que les coupables, les vrais, soient condamnés ?

A quelques heures du procès, Michel Bianco, père de Jérôme, dit ce qu’il attend de la justice. [3]

.
« D’abord la vérité des faits.
- Comment mon fils âge de 32 ans a-t-il perdu
la vie en travaillant sur une passerelle placée à 8 mètres de hauteur sans
avoir reçu une formation sur les risques de travaux en hauteur ? ? [4]
- A-t-on voulu faire des économies sur la formation pour réaliser des
objectifs de rentabilité ?
- Qui a pris la responsabilité de lui faire effectuer ce travail sans
vérifier qu’il n’y avait aucun danger lié à cet environnement
- Comment se fait-il qu’il manquait 10 cm de garde corps sur la passerelle,
depuis la construction du bâtiment, et que personne ne l’a jamais
signalé ?
- Qui ne lui a pas fourni les protections individuelles et
collectives correspondantes liées aux risques des travaux en hauteur ?
- Qui a mis ainsi délibérément en danger la vie d’autrui ?
- Quel rôle a joué la sous-traitance en cascade et donc la responsabilité
du donneur d’ordre, Galderma laboratoire de recherches et développement
filiale du groupe l’Oréal ?

Nous savons déjà que par la délégation de pouvoir les principaux
responsables de l’entreprise TFN s’exonèrent de leurs responsabilités. M.
Franck Jullien le PDG et le responsable à la sécurité présent au CHSCT qui
a suivi l’accident, ne sont même pas inquiétés par la justice.
La justice ne pourra réparer l’irréparable.
La hauteur des peines que va décider le tribunal doit sonner comme rappel.
Il n’y a pas de fatalité à la mort par le travail. Je refuse la
banalisation des plus de 500 morts et des 8000 salariés déclarés en
invalidité chaque année par accident du travail.

C’est ce que j’attends de l’audience du tribunal de Grasse le vendredi 29
août 2008 à 8h30 »

Par ailleurs la CGT des Alpes Maritimes, partie civile, a publié le communiqué de presse suivant.

« Jérôme BIANCO est décédé à l’âge de 32 ans, suite à un accident du
travail survenu dans des conditions de sécurité déplorables. La CGT ne
peut accepter que de tels drames se produisent régulièrement. Nous
refusons que la vie des salariés et la sécurité au travail soient
soumises au dictat de la concurrence, de la rentabilité et du meilleur
résultat pour les actionnaires.

Le gouvernement et le MEDEF remettent en
cause le code du travail, allongent la duré maximale du temps de travail,
ils prennent ainsi de lourdes responsabilités quant à la détérioration de
la santé des salariés et l’augmentation des maladies professionnelles
(suicides, stress, 500 décès et 8000 salariés déclarés en invalidité
chaque année à la suite d’accidents du travail ). Ajoutons que la sous
traitance en cascade permet aux grandes entreprises de s’exonérer de leur
responsabilité. De plus elles font de la sous déclaration des Accidents
du Travail une véritable stratégie d’entreprise.

Les conditions de travail étant au coeur de nos revendications nous nous
sommes constitués partie civile afin que les entreprises mises en cause
soient sanctionnées pour la mise en danger de la vie d’autrui. »

Une audience à suivre particulièrement.

Par ailleurs, sur ce sujet de la santé au travail, la CGT des Bouches du Rhône a décidé de consacrer une journée de lutte, de sensibilisation et d’information dans le cadre de la présence qu’elle assure par un stand tout au long de la foire internationale de Marseille.

Initiative bien nécessaire pour lutter contre la banalisation de ce fléau.


En médaillon photo de la manif d’octobre 2007 sur le thème de la santé au travail


[1Le groupe TFN emploie 25 000 salariés principalement dans le secteur du nettoyage

[2L’entreprise avait contesté cette nomination jusque devant le Tribunal d’Instance de marseille. Elle a été déboutée et le tribunal a confirmé la nomination ce qui permet au syndicat d’exiger de l’intérieur les éléments sur la sécurité dans l’entreprise

[3Voir aussi dans l’Humanité du 10 juin l’interview de Michel.

[4Dans d’autres départements Jérôme n’aurait pas pu exercer ce travail, ce dernier étant réservé à des professions définies par conventions. NDR



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