Une mission dans les vallées de l’Intag (II)

lundi 9 juin 2008
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Au fil de son voyage et en fonction des points d »accès Internet Denis nous donne des nouvelles de sa mission avec ESF(Energie Sans Frontière)/ HI (Hidro Intag)

16 mai

Le voyage s’est bien passé. Denis Laporta d’Hidro Intag nous attendait a Quito le 14 mai en fin d’après-midi.
Avant de rejoindre l’Intag, nous avons été reçus par l’assemblée cantonale de Cotacachi.

L’Intag, sous canton du Canton de Cotacachi, appartient à la région de l’Imbaburra. L’Intag se compose de plusieurs « paroisses » (ou parroquiales) et correspond aussi à une entité géographique comprenant la rivière Intag, ses affluents et la rivière Guyllabamba, au delà de sa confluence avec la rivière Intag.

Présence d’ONG en grande majorité espagnoles (dont une a un budget de fonctionnement, aussi gros que la mairie) surtout axées sur l’environnement et la santé

Des projets de formation, en cours ou prévus sont portés par HI (maintenance des centrales, gestion intégrée des bassins versants, sensibilisation à la protection de l’environnement. et par Consorcio Toisan, en coopération avec l’Université Centrale de Quito : possibilité d’enseignement à distance par Internet

Il n’y a pas de problème d’alimentation en eau potable dans l’Intag, à l’exception de la zone urbaine de Cotacachi (2700m) ou les populations, majoritairement indigènes sont rationnées d’où une autre raison de l’importance de la création d’un barrage dans la réserve de Cotacachi projet qui pourra recevoir le soutien des populations indigènes au travers de la OUNORCAC qui est l’association regroupant 44 villages indigènes de la partie haute du Canton.

Cotacachi est le meilleur modèle en Equateur de démocratie participative.
Cette assemblée existe depuis 1996. Elle est composée de 25 membres représentant toutes les associations du canton (femmes, jeune, artisans, agriculteurs, ...). Elle a à son actif des actions dans la santé, l’écologie et la lutte contre l’analphabétisme.

L’assemblée est constituée de 5 comités :
- Tourisme,
- Santé,
- Education,
- Production,
- Environnement

Les projets hydroélectriques de notre mission dépendent de ce dernier comité.
Au passage il est intéressant de remarquer que la politique énergétique du canton dépend de l’environnement.
Ici ça n’a pas l’air d’être un gadget. Ce matin nous présentions les projets à cette commission et les questions les plus pertinentes étaient posées.
Exemple :
Quels sont les risques électromagnétiques sous les lignes pour la santé ?
Quels sont les risques de pollution des rivières pendant les travaux ?
Comment diminuer tous ces risques ?

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23 mai

Loin de tout nous n’avons pas pu vous donner des nouvelles ces derniers jours.
Nous sommes entrés dans le vif du sujet et reconnu Toabunchi, San Miguel, Nanguvi, Milagro, San Andres, Chalgayaco.
Les routes sont moyennement difficiles mais les marches aux sites assez périlleuses.
Il pleut fréquemment et les accès sont souvent très glissants… Il faut s’accrocher aux branches.
Dans chaque village nous sommes toujours bien accueillis et les responsables locaux nous accompagnent sur chacun des projets. Les problèmes environnementaux sont toujours leurs préoccupations principales (tant mieux) et nous discutons beaucoup`sur la pertinence des choix.
A part quelques courbatures bien compréhensibles toute l’équipe est en pleine forme.
Les points Internet sont rares mais depuis Magdalena nous essaierons de vous faire parvenir quelques photos ces prochains jours.

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5 juin

Retour devant l’assemblée cantonale pour un compte rendu des 3 premières semaines de la mission.

Affiche Cotocachi

Pour l’assemblée le plan de développement hydroélectrique de l’Intag doit bénéficier à la nation et aux populations locales.

Intérêt pour les populations locales

La discussion fait germer l’idée que les bénéfices alimentent un fond d’intérêt général, géré par la municipalité de Cotacachi et que la destination des ces fonds fassent partie des priorités définies. Ces priorités visent le Comité Intersectoriel de la santé, les infrastructures (actuellement c’est la région Intag qui est responsable du réseau routier) et l’environnement (agriculture diversifiée, reforestation, production alternative, gardes forestiers, compensation aux agriculteurs ayant choisi de préserver leur forêt. Cette compensation ne sera pas indexée sur les bénéfices mais sera comptabilisées comme un frais de fonctionnement.
La distribution des bénéfices sera réalisées par une société fiduciaire crée à cet effet.

Intérêt pour l’Etat

- Alternative au développement minier, dont les royalties étaient minimes ;
- Partie de la solution au problème de déficit énergétique national ;
- Possibilité éventuelle d’exportation ;
- Retombées économiques importantes sur le canton
- Exemple de réussite d’implantation d’un projet d’énergie renouvelable sans conflit et avec le soutien des populations locales (les énergies renouvelables- et en particulier les barrages- sont souvent associées à un conflit avec les populations locales du fait que les entreprises qui les portent sont peu soucieuses d’associer les populations locales, de minimiser les impacts sur l’environnement et vont souvent au conflit)

On n’est pas des for�ats...

Ce retour est aussi le moment d’un point technique plus précis sur le travail d’étude effectué par notre équipe et les possibilités qui s’en dégagent : centrales au fil de l’eau et centrales avec barrage, relation hauteur de chute sur longueur de conduite, tunnel/ conduite sous pression…
L’Assemblée Cantonale attentive questionne sur l’étendue des retenues (superficie des zones immergées), le non détournement des ressources hydriques ( si les eaux captées sont bien restituées dans la même rivière ou dans celle dont elle était l’affluent), le projet Pamplona qui n’avait pas été présenté et le type de reconnaissance géologique à mettre en œuvre (tranchée de reconnaissance, sondage).

Pour finir, présentation du projet d’envergure nationale de La Pitura localisé dans le secteur écologique de Cotacachi. Dans les années 1980, ce site avait déjà été repéré pour l’irrigation d’une vallée voisine. Ce projet avait reçu une opposition farouche en particulier de la municipalité et de l’ACCRI, du fait que ces derniers n’y avaient pas été associés, que cela correspondait à un détournement des eaux d’une vallée pour le bénéfice d’une autre, que d’autres projets moins coûteux étaient possibles et que la route ouverte depuis Cotacachi était beaucoup plus large que ce qui avait été demandé. Là nous faisons part des rencontres et concertations engagées au cours des 3 semaines, concertations inséparables des études techniques afin de voir avec les populations les impacts des projets.

Rencontre avec l’ACCRI et Consorcio Toisan

L’ACCRI est l’Asociacion de cafeicultores de la région de Intag. Elle travaille sur les énergies alternatives depuis quelques années avec un retour d’expérience sur
- Les petites centrales hydroélectriques : 23 micro centrales installées pour les besoins familiaux ;
- Le photovoltaïque : 29 petites installations dans les écoles ;
- Le bois énergie : plusieurs prototypes pour l’optimisation des cuisinières à bois. Le prototype le plus performant, qui a permis de réduire jusqu’à 70% la consommation, a été installé dans 200 familles.

L’ACCRI est aussi le promoteur pour la préservation des forêts et engage de nombreuses actions destinées à la conservation. A l’heure actuelle ce sont 44 000 ha qui sont conservés (domaines publics et privés).

Consorcio Toisan dont émane HidroIntag recevra le financement et sera signataire de la convention de financement avec ESF. C’est avec cet organisme que nous avons réglé les questions financières et administratives.

L’étude de terrain

Nous sommes partis de Monopamba (1270m), et avons traversé l’Intag. Un chemin remonte sur la rive gauche de l’Intag, repérage d’un éventuel site pour salle des machines, sur une plateforme surplombant la rivière Intag de quelques mètres.

Denis prend la pose...

Rio San Miguel, Vacas Galindo, Nangulvi Alto les noms de rivières et de villages se succèdent et noircissent nos carnets de notes. Dans des paysages de pâturages aux fortes pentes très vertes, de lacs au bleu profond, de cascades, de sentiers escarpés et de végétation luxuriante nous rencontrons des populations à qui nous présentons les projets possibles pour leur vallée. .
Nous rencontrons aussi des associations comme l’ACAI qui travaille sur la conservation des sols, la reforestation, les petits jardins familiaux.
Ce sont ces entretiens qui guident notre étude dont dépend le projet final. Ainsi Paco Vallejos, responsable de la communauté de Nangulvi Alto, nous fait part de remarques portant à la fois sur l’intérêt de la population pour la construction d’une route rive droite du Nangulvi depuis le pont (à coté de la cascade).et sur les effets négatifs qu’aurait le percement d’une galerie pour le patrimoine naturel. C’est en particulier suite à cet entretien que nous abandonnerons le second projet (le plus en aval), trop risqué pour les sources thermales de Nangulvi

Plus loin près de la confluence de l’Intag et du Guayllabamba deux propriétaires concernés uniquement par l’emprise du barrage:nous accompagnent et donnent leur accord de principe pour le projet y compris pour l’abattage des arbres en fond de cuvette.

Sommets

Après San Andres le relevé topographique doit être réalisé en rappel et avec du matériel GPS TOPO. Tout au long de notre parcours il a fallu compter avec les pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’Intag rendant les routes impraticables dans de nombreux endroits de l’Intag. Le Consorcio Toisan a pu avec de grandes difficultés amener le matériel topographique à Chalgayaco.

Pitura

Après notre compte rendu nous nous attaquons à la préparation de l’expédition phare du séjour. 15 personnes sont prévues pour venir passer 2 jours en campement à 3000 m d’altitude sur le futur site du barrage de la Pitura à Pinan.



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