Se rassembler, comment (II) ?

Reportage vidéo : Gaëlle Vaillant - son : Kamar Idir
mardi 27 mai 2008
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Rouge Midi a décidé d’organiser une série de rencontres, avec la participation des forces politiques qui visent un réel changement de société. La première avait lieu fin avril à Marseille, sur le thème « Se rassembler, comment ? ». Voici un bref compte-rendu en texte et en images. L’intégralité du débat en PDF est accessible par le lien situé en fin d’article.

A la fin, tout le monde en a convenu : l’essentiel était de se parler. Nous étions une bonne soixantaine, ce 28 avril au soir, dans la (trop) grande salle du CRDP, à Marseille, pour cette première rencontre de Rouge Midi, sur un thème d’autant plus scabreux qu’il était vaste : « Se rassembler, comment ? ».

Essentiellement composée de militants, la salle était à l’image de ce qu’avaient souhaité les organisateurs en lançant l’invitation par les réseaux, sans effort de communication particulier. « Pas besoin de mettre les points sur les « i », on est entre nous », notera Michel Carrière, dans sa première intervention au nom de la fédération des Bouches du Rhône du P.C.F.

Dans un premier temps, à la tribune, les représentants des organisations politiques invitées semblent s’accorder sur le constat : les clignotants sont au rouge, la machine à remonter les acquis sociaux s’emballe, le capital tout-puissant produit une intolérable souffrance sociale : « on ne peut pas rester indifférent à cette souffrance, on n’en a pas le droit », lance Jean-Paul Israël, militant syndical et membre du PCF. « Rien ne nous sépare sérieusement et pourtant, on a du mal à avancer », observe Samuel Joshua, pour la LCR. « Une division sera mortifère pour l’ensemble de nos sensibilités », prévient Jacques Lerichomme, initiateur de l’appel « Rassembler ».

Dans la salle, les interventions sont plus incisives : logement, emploi, misère, sur le plan politique, qu’est-ce que vous pouvez faire ? Voici Zohra : elle prend la parole au nom des 14 familles qui squattent les logements vides de la Reynarde, à Saint Menet. Cette cité, à l’origine propriété du groupe Total, était promise à une juteuse opération immobilière. En 2005, avec l’aide du comité de chômeurs CGT, des familles en mal de logement s’y sont installées. Depuis, au nom du bon principe capitaliste qui veut qu’un logement vide vaille mieux qu’un logement loué à des pauvres, les propriétaires ont tout fait pour les déloger.

Zohra

Il y a aussi Nadia, 54 ans, salariée de la Sonacotra pendant plus de la moitié de sa vie. Aujourd’hui la Sonacotra s’appelle Adoma mais c’est toujours une société d’économie mixte contrôlée par l’Etat. Nadia et 38 de ses collègues ne sont pas payés depuis bientôt 8 mois, depuis qu’Adoma a décidé de changer de prestataire de service. La justice ne donne pas tort aux 39 d’Adoma mais leur situation ne se règle pas pour autant : ni employés ni licenciés ils restent sans travail et sans salaire.

Nadia

Momo, le délégué syndical de Carrefour Le Merlan, a dit ce que toute la salle pense : des conflits, des gens qui veulent se battre, il y en a tous les jours. Des batailles gagnées aussi. Mais après ? Où sont les perspectives ? Qui prend le relais ?

Momo

A la tribune, visiblement, personne n’a la réponse : chacun se sent à la fois interpelé et impuissant face aux exigences de la salle. Les intervenants se renvoient la balle. Dans les discours, ce sont les absents qui sont le plus présents : le Parti Socialiste, le futur nouveau parti anticapitaliste, que la LCR appelle de ses vœux… Mais les présents ne s’y retrouvent pas. Après un échange aigre-doux, la parole est reprise par la salle, où les opinions restent marquées du sceau du quotidien. Pour Laurent, c’est à l’individualisme, qu’il faut s’attaquer tous ensemble.

Laurent

Bernard, candidat du PCF aux dernières cantonales, propose une sorte d’autocritique collective : et si la politique ne se faisait pas là où elle devrait se faire ?

Bernard

Le débat a duré deux bonnes heures. Il y a eu trente cinq interventions, dont plus des deux tiers venant de la salle. Parmi les dernières, il y avait Ana. Ana, qui a jeté un pavé dans la mare avant de s’éclipser. Elle était venue dire ce que beaucoup taisent et beaucoup plus encore ne veulent pas savoir. Ana a parlé de racisme.

Ana

Que les participants, dans la salle et à la tribune, aient bien entendu et saisi l’appel désespéré d’Ana suffirait à justifier les deux heures qu’ils ont passées à l’invitation de Rouge Midi, de 28 avril, dans la grande salle du CRDP à Marseille. Mais il n’y a pas eu que cela : il y a eu la parole libre et une écoute souvent tolérante. Pourtant, comme l’a noté Charles Hoareau dans sa conclusion pour Rouge Vif, le pari était audacieux.

Charles

Rien de concret à l’issue de cette première rencontre de Rouge Midi mais le premier pas est fait et il va falloir récidiver. Le prochaine rencontre aura, cette fois, un thème précis qui pourrait être le logement à Marseille ou Euroméditerranée, par exemple. En attendant, le contact est établi et au fil des luttes, il devrait se renforcer. Sur ce point, à la sortie, tout le monde était d’accord …



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