Tchad, un vrai conte de fées !

vendredi 15 février 2008
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Vue de Paris, la crise tchadienne, c’est finalement assez simple.
De féroces rebelles, armés par une dictature islamiste étrangère, qui tentent de renverser un pouvoir élu.
Des soldats français qui, en défendant nos compatriotes, mais sans prendre part aux combats, contribuent au retour de la paix.

Happy end : les rebelles fuient, la force européenne créée pour protéger les réfugiés de l’Est tchadien va pouvoir s’installer.

Nos zozos de l’Arche de Zoé seront bientôt graciés.

Et le président Déby peut compter sur l’« amitié » (sic) du président Sarkozy illustrée par la visite de soutien du ministre de la Défense Hervé Morin.

Que demander de plus ?

Quelques nuances, peut-être.

Un, le pacifique président Déby avait, lui aussi, soutenu quelques groupes rebelles, agissant, eux, au Darfour soudanais.

Ce qui relativise un peu son auréole d’« agressé ».

Deux, la neutralité française est une fiction.

Installés depuis plus de vingt ans à N’Djamena, les soldats protègent de fait le régime militaire qu’ils ont contribué à installer en 1990. Et ils ont lors des récents combats apporté plus qu’un coup de pouce : des renseignements sur les rebelles, du matériel, des munitions (avec l’aide de la Libye).

Trois, l’ordre qui règne à nouveau dans D’Jamena est celui de la dictature.

Plusieurs leaders de l’opposition démocratique, dont Lol Choua, Ibni Oumar Mahamat Saleh, Ngarlejy Yorongar, ont disparu, emmenés par des soldats.

« Mon oncle a été enlevé douze fois, précise le neveu de Yorongar. A chaque fois, il a été torturé ».

D’autres ne sont jamais remontés des sous-sols du palais présidentiel.

Réaction de la France ? « Laissez-nous 24 ou 48 heures avant que nous abordions ces questions », a biaisé Morin.

Ignorance de la situation ?

« Pas vraiment. A N’Jamena les Français écoutent toutes les liaisons téléphoniques. Ils savent tout des rebelles comme du pouvoir », raconte un proche des « services ».

Bilan : Idriss Déby poursuit son règne. Il rêve même d’une présidence à vie, après « modification », bénie de la France, de la Constitution.

l’économie - désormais pétrolière- est classée 173e sur 177, selon les critères de l’ONU.

L’illettrisme reste massif et l’espérance de vie inférieure à 45 ans.

Sarkozy a bien raison de dénoncer la « Françafrique » et le fatalisme de l’africain « qui jamais ne s’élance vers l’avenir ».

Par J.-F.J.dans Le Canard enchaîné du 13/02/2008

Transmis par Linsay



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