CMN : La lutte paie

mercredi 19 décembre 2007
par  Charles Hoareau
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La CMN (Compagnie Méridionale de Navigation) que les marseillais nomment souvent La Méridionale a été fondée en 1931 par un armateur corse. Depuis cette date cette compagnie qui emploie aujourd’hui 460 salariés assure la liaison entre la Corse et le continent avec des navires rouliers destinés au transport de fret qu’elle transforme en 1988 afin d’accueillir des passagers et leurs véhicules.

En 1976 elle est intégrée au service public de la continuité territoriale [1] entre le continent français et l’île de beauté et en 1989 elle ouvre la Ligne Sardaigne dans la continuation de la desserte de Propriano.
En 1992 LA MERIDIONALE rejoint le groupe STEF TFE qui avec 12 000 employés et un chiffre d’affaires de 1,4 milliards d’euros, le groupe STEF-TFE est le n°1 français et européen de la logistique et du transport de produits alimentaires frais et surgelés.

Aujourd’hui concessionnaire du nouveau service public de continuité territoriale entre Marseille et la Corse depuis le 1er janvier 2002 avec la SNCM [2] la compagnie possède trois navires « Girolata » « Kalliste », « Scandola » qui effectuent 18 à 20 traversées par semaine entre la Corse et le continent, 4 traversées par semaine entre la Sardaigne et le Continent, 4 traversées par semaine entre la Corse et la Sardaigne. Avec près de 210 000 passagers, 100 000 voitures et plus de 52 000 poids lourds transportés en 2005 : on ne peut pas dire que les salariés aient chômé !

Société au capital de 1.980.000 Euro et ayant un résultat cumulé sur 2 ans de près de 15 millions d’euros, elle se porte bien. Sa bonne santé elle la doit principalement à la qualité de service qu’offrent les sédentaires et marins qui y travaillent et qui entendaient bien que cet investissement au travail soit reconnu. C’est ce qu’ils ont demandé à de multiples reprises en vain. Un cahier de revendications porté à la connaissance de la direction depuis le 9 octobre 2007 était resté sans réponse.
Bizarre pour une entreprise qui est censée ne pas faire de bénéfices mais reçoit des subventions pour équilibrer ses comptes.

Quand on ne peut y arriver par le dialogue, il reste la lutte. Ici, sur le port de Marseille la lutte on connaît. Des générations de portuaires de toutes catégories marins, dockers, grutiers …ont durement gagné le droit de vivre et travailler dignement.

C’est donc la grève qui démarre le 12 décembre pour obtenir une augmentation uniforme de 150€ par mois. La direction qui confondait sans doute lutte et mendicité ne proposait au départ, sans aucune justification financière on l’a vu, seulement 20€.
Pourtant dans une entreprise où les bas salaires démarrent à 1300€ et où les navigants font jusqu’à 65h par semaine 150€ ce n’était pas la mer à boire !

90% de grévistes parmi les ouvriers employés ont finalement eu raison des résistances. Le 17 la direction lâche 120€ net. Le travail peut reprendre.
Une démonstration, un exemple à suivre. Comme le dit Etienne, responsable du syndicat CGT, cela prouve que la lutte paie. A tous les sens du terme.


[1dispositif destiné à permettre une équité nationale du coût du transport et qui, par le biais de subventions permet aux compagnies maritimes un billet au même tarif que la SNCF pour une distance équivalente. Voir articles précédents

[22001 fin de la concession de service public maritime attribuée à la S.N.C.M. et la C.M.N., ouverture à la concurrence avec la mise en place d’une D.S.P. Même article



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