Retour sur une manifestation comoro-marseillaise

vendredi 18 novembre 2005
par  Charles Hoareau
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Comme chacun ne le sait peut être pas, si Marseille est la plus grande ville corse de France, elle est aussi la 1re ville comorienne du monde puisque y vivent 70 000 comoriens. Ceci explique que tout ce qui touche à la vie dans ces lointaines îles intéresse non seulement la diaspora comorienne mais plus largement les marseillais qui se sentent proche d’elle. Quelques précisions pour comprendre les évènements actuels.

Au départ les Comores sont un archipel de 4 îles : Grande Comore, Petite Comore, Anjouan, Mayotte que la France colonise à partir de 1841. On y parle alors la même langue, les familles circulent à travers les 4 îles, on a la même histoire commune, un patrimoine culturel commun, c’est à proprement parler une nation à part entière.

Le 22 décembre 1974 un référendum d’autodétermination du peuple comorien est organisé sur l’ensemble de l’archipel des Comores. Le résultat fut sans appel puisqu’à 96%, les Comoriens ont dit OUI à l’indépendance. La France, contre toute démocratie a voulu remettre en cause ces résultats. Face à cette réaction il y eut une déclaration unilatérale d’indépendance des Comores, le 6 juillet 1975. Cette déclaration fut rejetée par le France. A partir de là et au mépris de toutes les lois internationales et des plus élémentaires des droits de l’homme la France décida de continuer illégalement l’île de Mayotte, puis d’en faire un territoire français cassant ainsi l’unité de la nation comorienne.

Non content de cela elle n’a cessé d’Å“uvrer pour défendre ce qu’elle considère comme ses intérêts y compris au sein même de l’état indépendant comorien n’hésitant pas pour cela à coopérer pendant toute une période avec l’état raciste d’Afrique du Sud. Depuis 1974 elle multiplie les actes d’illégalité et tous les coups sont permis :

- Occupation illégale de lâ€ËÅ“île comorienne Mayotte, malgré les nombreuses résolutions de l’ONU et de toutes les Instances Internationales (OUA, OPEP, Ligue Arabe, ...) condamnant la France à restituer l’île annexée.

- Installation, à Mayotte, d’une base militaire d’écoute et d’observation de l’Océan Indien et de l’Est du Continent Africain,

- Installation de mercenaires avec Bob Denard à leur tête sur la partie « indépendante » dont elle devait assurer la sécurité intérieure et extérieure, avec les mésaventures que l’on connaît : plus de 25 tentatives de coups d’Etat réussis ou avortés en 30 ans , assassinats en masse et dans l’impunité totale, dont celui de deux présidents de la république, balkanisation de l’archipel, etc...

Evidemment le fait que Mayotte soit « française » a créé une nette différence de niveau de vie entre les habitants des 4 îles, différence qui n’existait pas ni avant, ni pendant la colonisation. Qu’on en juge : le salaire des ouvriers et paysans comoriens avoisine souvent 30ââ€Å¡¬ par mois pendant que leurs cousins de Mayotte (on dit les Maorés ou Mayottais) gagnent 10 fois plus rien qu’avec le RMI !
Cet état de fait a créé une situation inextricable. Il y a peu on a assisté à des manifestations violentes à Anjouan pour que l’île réintègre la France, mais surtout alors que nombre de comoriens vivent dans la misère victimes de dirigeants fantoches d’un état corrompu, vassal de la France et complètement inefficace en matière de gestion administrative, sociale et de développement économique, Mayotte apparaît aujourd’hui pour beaucoup comme l’Eldorado et la solution pour sortir de la spirale infernale dans laquelle ils sont plongés.

Quand on sait que l’île voisine où de surcroît vit une partie de sa famille, île sur laquelle on est allé librement et régulièrement pendant des siècles et sur laquelle on a souvent des biens (terre ou maison familiale) cette île donc bénéficie de droits sociaux et d’un niveau de vie incomparables avec le notre cela donne des envies ! Pour contrer ces envies là en 93 le gouvernement crée ce qu’on appelle les « visas Balladur », véritable barrière « administrative » entre Mayotte et ses îles sÅ“urs. Désormais pour aller voir sa terre ou son cousin il faut un visa !!! C’est dès lors la création et la traque de « clandestins », fabriqués de toutes pièces par une décision politique et qui, en application de celle-ci, vont être rejetés et mourir par milliers, jetés en pâture aux requins dans les eaux territoriales entre Anjouan et Mayotte,

Dans le cadre de la chasse aux « clandestins », après avoir brûlé leurs habitations, chassé leurs enfants des écoles, emprisonné et souvent violemment les comoriens originaires des autres îles, voici que les autorités de Mayotte, veulent organiser leur expulsion vers les autres îles à partir du 15 novembre. Les médias parlent de plus de 15 000 Comoriens indésirables à Mayotte et expulsables !

C’est pour protester contre cette situation qu â€ËÅ“était organisée le 5 novembre à Marseille une manifestation à l’appel de la « communauté comorienne ». L’association Survie qui avec d’autres soutenait cette manifestation déclarait (extraits) :

« ... Le processus de décolonisation inachevé aux Comores, la France voudrait aujourd’hui maintenir une position prépondérante dans la région de l’Océan Indien, par sa présence dans l’île de la Réunion, l’inscription définitive de Mayotte dans République Française, et en comptant surtout sur le silence du Peuple Comorien et la complicité des autorités comoriennes.
- l’arrêt du processus en cours et le retour vers des solutions plus « raisonnables »,
- La restitution de la partie du territoire national comorien à ce jour annexé,
- Le respect du droit international relatif à l’autodétermination des peuples, et à l’intangibilité des frontières dans le cadre de la décolonisation,
- Le respect des choix du Peuple Comorien, car un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être libre ! »

Comme l’indique notre tract nous considérons qu’il ne nous appartient pas de nous ingérer dans le débat interne sur les solutions à promouvoir et la stratégie à aborder mais par contre il était de notre responsabilité d’apporter notre soutien logistique à cette initiative et de nous exprimer à l’occasion de celle-ci, ce que nous avons fait.



Documents joints

Tract Rouges Vifs
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