Le sud et l’été interminable

mercredi 16 novembre 2005
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Cet été n’en finit pas de mourir.
Les rosiers , humant la tiédeur d’un octobre lumineux et moite
,dardent en leurs branches extrêmes de tendres bourgeons.
Les forêts en Ile de France rechignent à quitter leur verte parure pour
un feuillage plus seyant à cette saison qui célèbre les morts pour
ritualiser la mise au repos de la terre et son hibernation. Elles n’ont
pas flamboyé de leurs merveilleux ocres, ors, rouilles annonciateurs de
leur effeuillement et de leur nudité prochaine.
Le septentrion se laisse gagner par les langueurs du Sud qui s’invite à
la faveur d’une désorientation des saisons , ici , dans nos latitudes ,
et il se montre à nous encore bien autrement .

La banlieue , lieu jadis de ban-nissement et maintenant de relégation
d’une population mise hors-loi , s’est déprise de son anémie et a
repris de son ancienne couleur . Elle rougeoie de mille feux. Les murs des cités et les cages d’escaliers des tours et barres en
cloisons de quelques misérables millimètres , faites de matériau
inflammable et asphyxiant , se tiennent dorénavant seuls.
Tant pis s’ils s’effondrent.
Les jeunes qui étaient dévolus à les maintenir debout se sont échappés
de ce lieu d’incarcération.
Brûlant les objets agités sous leur nez comme le bien suprême, et pour
eux inaccessibles , ils rompent avec le rôle qui leur était assigné et
font irruption dans le discours dominant avec une nouvelle identité à
conquérir.
Inintégrables, asociaux, malfaiteurs, chômeurs patentés, profiteurs,
antisémites, violeurs, dealers, caïds, islamistes, intégristes,
terroristes, il n’y a eu de répit ces deux dernières décennies dans
leur qualification.
Les politiques et les merdias , dans leurs liens vitaux
d’interdépendance, se sont employés à qui mieux-mieux à les enclaver
dans une définition de sous-humanité appuyée sur le socle idéologique
poursuivi dans la continuité sans hiatus aucun érigé depuis la conquête
impérialiste des colonies.

Quelques milliers de voitures calcinées. Un feu de baptême ?
Un petit symptôme exprimé par les Sans-Droits vus jusque-là comme
coupables d’être victimes d’un système qui les exclue par essence. Le chômage structurel les affecte plus . La structure de l’école
inégalitaire leur fait croire à leur inaptitude génétique au savoir. Cette véritable violence qui consume leur vie , ils y ont répondu par
une révolte qui leur restitue une dignité simplement par refus pour
une fois d’une passivité devant une provocation éhontée de la puissance
répressive.

Pendant ce temps, s’exercent de véritables hold-up au dépens du peuple
français , passés sous silence.
Les privatisations des autoroutes , d’EDF , du transport urbain
marseillais, de la SNCM (etc...) sont des vols du bien public, payé et
engrangé par nous tous.
Pendant ce temps, se prennent des mesures qui vont entériner que le
droit de grève est suspendu à des décisions de « justice » qui va
prononcer son illégalité.
Une jonction entre les revendications de ceux qui subissent directement
l’application des mesures recommandées par le capitalisme financier
international et les bannis des périphéries des grandes villes
saura-t-elle se faire pour la naissance d’une nouvelle chose publique ?



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