Sempre Vivu

mardi 19 juin 2007
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Suspense et émotion sont au rendez-vous.
On rit, on pleure, on s’inquiète, on est surpris...
Intelligence, rêve, amour, utopie et une profonde humanité !

Loin du rêve de pacotille, de la poudre aux yeux, qui brouille notre vision, ce film sur grand écran ne fait pas écran à nos utopies.

De l’amour il y en a plein les mirettes, mais pas seulement pour les jeunes, les beaux ou les nantis.
Le désir circule, s’incarne dans des corps qui ont une histoire, la chair vit et s’épanouit.
La télé nous « offre » du réality show entre vrai-faux et faux-vrai et nous enterre dans une fascination morbide, le cinéma parfois nous fait le cadeau rare de l’authentique.

Les accents, la merde sous les pieds, le noir sous les ongles, les rides sous le masque vous font regretter les fleurs des champs devant les fleurs en pot du fleuriste.
On rit au malheur qui s’acharne, on pleure au bonheur qui surgit.

On rit au malheur parce que c’est comme une farce, un coup de pied au destin, un sursaut de liberté.
On pleure au bonheur, non pas parce qu’il n’existe plus, mais parce qu’on se souvient qu’il a vraiment existé et que c’était bon et que c’est peut-être fini pour toujours.

Quelles sont bonnes toutes ces larmes !

Que c’est bon de rire ensemble dans une salle de cinéma !
Oui, le film de Robin Renucci est un grand film populaire car il dit au peuple qu’il existe, qu’il est digne et qu’il est une force.

« L’entraide est l’amitié des pauvres » écrivait Jacques Roumain* dans « Les gouverneurs de la rosée », c’est aussi leur victoire sur la puissante injustice, leur liberté suprême !

Voilà peut-être la pire des subversions : rendre l’espoir au peuple, lui redonner sa langue, sa culture, son corps, ses beautés sublimes et ses abîmes insondables, ses rêves et ses mythes.

Oui, dans ce film, on rote, on pète, on meurt, on bande et on meurt et on ressuscite.
Quelle belle métaphore que cette résurrection dans une ultime érection !

Oui, ils sont encore en vie ces humains qui vivent loin des galeries marchandes, des marchés de l’art au bout de routes scabreuses.
Oui, elles sont insolentes les vieilles derrière leur double foyer.
Oui, ils sont rebelles ces paysans si tendres avec leurs poules.

Non, on n’y croit pas à la mort. On se dit secrètement « ce n’est pas possible », donc tout est possible !
C’est ce rêve fou et secret qui nous tient en vie et debout, ce « ce n’est pas possible », ce « ça va marcher » qu’on se répète sans vraiment oser y croire mais sans pouvoir y renoncer tout à fait.

Voilà la subversion impardonnable : donner du cÅ“ur au peuple, lui redonner courage.
Voilà ce qu’il y a en trop dans ce cinéma-là pour certains producteurs, certains distributeurs et autres fossoyeurs de la culture.

Ce cinéma là chemine entre Pagnol et Kusturitsa, Giono et Fellini, Renoir et Moretti.
Et le pire, on le saura, c’est que de tels films, populaires, peuvent être des réussites économiques si on leur donne leur chance (nombre de copies, promotion, durée de vie dans les salles...). Du temps, il leur faut du temps comme il en a fallu à « Marius et Jeannette », « L’esquive » et autres « Quand la mer monte ».

Aller au cinéma au lieu d’attendre son passage à la télévision ou sa sortie en DVD est un acte fondamental, car il est le seul qui puisse sauver le cinéma dans sa diversité.
Osons aimer un film sans vedettes, sans bons sentiments, sans fausse pudeur et nous serons éblouis de ce que nous rapportera cette audace.

Juste le plaisir d’être en vie, debouts, humains humblement humains parmi les humains !



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