Tunisie : encore et toujours la répression

mardi 4 octobre 2005
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Encouragé par le silence - voire la complaisance - des Etats occidentaux et de l’Union européenne, le pouvoir tunisien a relancé ces dernières semaines sa politique de répression contre les défenseurs des droits de l’homme et leurs organisations.

La Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) - dont les fonds qu’elle devait recevoir de l’Union européenne sont toujours bloqués par les autorités - est harcelée en permanence pour l’empêcher d’agir et de tenir son congrès en septembre. Les réunions de son Conseil national donnent lieu à d’impressionnants déploiements de forces de police (accompagnées de nervis) malgré la présence d’observateurs étrangers. Le 5 septembre, le tribunal a décidé de suspendre la tenue du Congrès. L’Institut arabe des droits de l’homme (IADH) subit les mêmes manoeuvres : ses fonds sont bloqués, ses dirigeants sont diffamés, voire poursuivis.

Cette volonté de mettre au pas les organisations et institutions démocratiques tunisiennes a franchi de nouveaux degrés cet été avec une série de mesures (harcèlements, poursuites judiciaires, interdictions) contre les organisations de journalistes et de magistrats. La police a exprimé son intention d’interdire le congrès du syndicat des journalistes tunisiens sur le thème « L’action journalistique dans le Maghreb arabe ». Convoqué à la police, son président a refusé de signer un procès- verbal sur « le caractère illégal » du syndicat. Depuis la création de ce syndicat en 2004 (face à la connivence avec le pouvoir de l’association des journalistes existante), son président a été harcelé à maintes reprises. Ces méthodes n’ont pas empêché le président Ben Ali de déclarer en mai 2005 que « la liberté d’expression et de presse est un droit fondamental de l’individu et de la collectivité ».

Après les journalistes, ce fut le tour des magistrats. Le président de l’Association des Magistrats Tunisiens a été convoqué par le procureur auprès du Tribunal pour lui intimer l’ordre de lui remettre les clés de l’association hébergée au Palais de Justice. Cette association est harcelée par le pouvoir depuis qu’elle a élu en décembre 2004 un bureau de façon démocratique et apporté son soutien aux avocats agressés par la police en mars 2005.

L’objectif du pouvoir tunisien est d’empêcher toute manifestation, toute prise de position critique avant la prochaine réunion du Sommet mondial de l’Information qui doit se réunir en novembre 2005 à Tunis avec Microsoft comme partenaire principal. Les organisateurs de ce Sommet se contentent des déclarations lénifiantes des autorités et se gardent bien de lever le voile sur les nombreuses atteintes aux libertés et aux droits démocratiques bien qu’elles aient été reconnues et dénoncées récemment par le Parlement européen.

Nous sommes solidaires des organisations démocratiques et de défense des droits de l’homme dont l’action est relayée en France (sans que les médias en fassent un grand écho) par le Comité pour le respect des droits de l’homme en Tunisie. (www.crldht.org).



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