Le « Forum des peuples » a réuni début juillet près de 1500 personnes représentant 9 pays d’Afrique à Fana, « capitale » malienne du coton. Cette réunion, qui se présentait comme un contre sommet du G8, s’est conclue par une manifestation aux cris de « non aux privatisations », « annulation de la dette ».....

Les producteurs de coton et leurs organisations étaient aux premiers rangs des manifestants pour dénoncer les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et les subventions des Etats-Unis et de l’Union européenne aux exportations. A ces menaces venues de l’extérieur, s’ajoute la privatisation annoncée de la Compagnie malienne de développement. « Nous connaissons les dégâts causés par la privatisation de la filière coton au Benin et en Côte d’Ivoire, nous n’en voulons pas au Mali », a dénoncé un responsable syndical.

Au Mali, le coton n’est pas la seule production dans le collimateur des partisans des privatisations. Le chemin de fer a été concédé fin 2003 à un consortium franco-canadien. Résultats : des dizaines de licenciements, des gares fermées, de graves conséquences pour l’économie des régions qui ne sont plus desservies, des bénéfices importants pour la firme privée. Un collectif s’est créé pour la restitution du rail malien au secteur public.

Dans le delta du Niger, des centaines de riziculteurs ont été chassés pour non paiement d’une redevance à l’Etat qui s’est désengagé des secteurs de l’approvisionnement et de la commercialisation. Leurs terres ont été confisquées et redistribuées contre l’avis des syndicats qui craignent l’installation à terme de grandes exploitations liées à l’agrobusiness, en vue de l’exportation.

Toujours au Mali, à Sanso, les salariés de l’entreprise Somadex, sous-traitante de la multinationale Rangold (au premier rang mondial dans l’exploitation aurifère) ont mené une longue grève pour défendre leurs contrats de travail. La répression a été violente. Des délégués syndicaux ont été emprisonnés. Forcés de reprendre le travail, les salariés n’ont reçu qu’un contrat de travail temporaire de un jour à trois mois.

Ce « Forum des peuples » a permis aux participants, syndicalistes, responsables d’associations, citoyens, de débattre des problèmes qui se posent en Afrique, d’échanger leurs expériences, de tirer les enseignements de leurs luttes face aux pressions des instances internationales souvent relayées par les gouvernements avec la mise en cause des services sociaux, les privatisations, la casse de l’agriculture vivrière familiale. Ce Forum a constitué un bon tremplin en vue du Forum social mondial « polycentrique » de janvier 2006 qui se tiendra au Venezuela, au Pakistan et au Mali. D’après nos informations, le Forum social mondial devrait se tenir du 24 au 29 janvier à Caracas et à Karachi mais du 18 au 22 janvier à Bamako.