Madame, je ne vous connaissais pas et j’avais simplement entendu parler de vous comme tout un chacun qui s’intéresse peu ou prou à la vie politique de ce pays. Je savais que vous étiez l’une des porte-parole de Nicolas Sarkozy ce qui ne me surprenait pas trop. Je sais bien que votre maître peut s’appuyer sur des beurgeois comme les appelle Akram Belkaïd qui souffrent sans doute du complexe du colon si justement analysé par Saïd Bouamama.
Jusqu’au soir du 1^er tour je ne vous avais ni vue, ni entendue, les gens que je rencontre ne vous ressemblent guère et relèvent d’autres urgences que celle de vous entendre.

Mais là, le 22 avril, j’ai donc eu l’occasion de vous voir éructer quand Olivier Besancenot vous a parlé de la rafle de Cachan et ce terme - « connoté » avez-vous dit - vous a fait bondir. Mais quel autre terme employer ?
Vous avez même eu l’impudence de dire dans une rage que n’arrivait plus à masquer votre sourire Colgate, que vous étiez à Cachan...

Mais pour faire quoi ? Les nettoyer au Karcher tous ces pauvres expulsés par votre maître ?
Et devant l’école de la rue Rampal vous y étiez ? Après tout on s’en fout c’est des chinois...
Et hier à Marseille quai de la Joliette, pour cette expulsion tentée même un 1^er mai après une arrestation illégale en préfecture, si vous l’aviez su, vous seriez venue ? Peut être pour porter des kleenex aux enfants ?

Et quand Sarkozy a traité toute une jeunesse de racaille, vous avez applaudi ?
Quand il a parlé de moutons égorgés dans la baignoire vous étiez aux anges ?
Quand Azzouz Beggag dénonce lui aussi les attitudes et propos injurieux de votre champion vous allez le traiter de gauchiste ?

Que vous a-t-on donc promis ? Une place de ministrable qui serait la consécration d’une ascension sociale dans une société qui exclue en permanence tant de compétences et d’intelligences désespérées parce que niées ?

Je savais avant vous qu’il ne suffit pas de s’appeler Rachid pour être antiraciste, mais jusqu’où allez vous pousser ce rôle d’arabe de service ?
Celle qui a réussi, qui est toute fière d’arborer son tailleur Chanel - porté bien court si possible - et son attaché case symboles évidents de l’intégration parfaite à ce capitalisme qui promet le luxe à quelques uns et la misère, les ghettos, la discrimination à tant d’autres.

J’aurais aimé être en face de vous ce soir là et je n’aurais pas eu la même retenue que votre contradicteur. Nous suffit-il - puisque nous avons cela en commun - d’être issus de la pauvreté et de quartiers dits sensibles pour s’autoriser toutes les arrogances, tous les mépris, toutes les trahisons ?

Vous trouvez le terme rafle connoté, nous c’est votre candidat que l’on trouve connoté.
C’est parce que nous ne voulons pas voir revenir le temps de la gestapo, celui où fleurissaient les discours sur les tares génétiques, celui où un docteur en médecine était brillamment reçu à sa thèse dans laquelle il expliquait tranquillement que les arabes s’ils ont un cortex et deux hémisphères cérébraux comme tout le monde ils ont moins de liaisons nerveuses entre les deux ce qui explique leur tendance à l’ivrognerie et à la paresse, c’est parce que nous ne voulons pas voir revenir ce temps là, parce que nous combattons la misère, la pauvreté et tous les racismes que nous combattons de toutes nos forces votre maître.

Puisqu’on en est à parler de « connoté » et de période noire, il y a même eu pendant la guerre des juifs qui ont trahi sans vergogne, ils avaient au moins une excuse, ils espéraient sauver leur peau...

Vous me faîtes irrésistiblement penser à eux et du coup, vous aussi, je vous trouve connotée.

En pensant aux larmes de Ouassila hier, en pensant à Hamza qui croupit en prison injustement, en pensant à tous les pauvres dignes et libres qui se battent, ou du moins essaient, je veux vous dire tout le dégoût que vous m’inspirez.

Veuillez agréer l’assurance de ma détermination antiraciste.