Après le plombier polonais, l’ouvrier macédonien

jeudi 22 mars 2007
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Investissez en Macédoine, le nouveau paradis des affaires en Europe” : c’est sous ce slogan que le gouvernement de Skopje a lancé, dans plusieurs journaux français, une campagne de promotion du pays.

Cette initiative est devenue l’objet d’une polémique et s’est rapidement invitée dans le débat électoral français. Plusieurs hommes politiques ont critiqué le gouvernement macédonien en l’accusant de pratiquer le dumping social afin de rendre le pays intéressant pour les investisseurs étrangers. Certains ont estimé qu’en faisant de la publicité sur la faible taxation (10 %) des entreprises étrangères et en vantant sa main-d’Å“uvre qualifiée et bon marché la Macédoine ne pouvait se réclamer de “l’Europe”.

Dans l’une des émissions les plus écoutées de la radio privée RTL, l’avocat parisien Rodolphe Bosselut a établi un parallèle entre l’offre du gouvernement macédonien et le fameux “plombier polonais”, qui était devenu l’épouvantail et le symbole d’une Europe trop libérale lors du référendum sur la Constitution européenne, en 2005. Au moment où plusieurs sociétés françaises (dont la plus connue est Airbus) présentent des plans sociaux accompagnés de fermetures de sites et de réductions d’effectifs, les pourfendeurs des délocalisations ont joué la carte de la campagne publicitaire macédonienne pour faire pression sur les hommes politiques.

Un mois avant le premier tour de l’élection présidentielle, certains candidats n’ont pu s’empêcher de montrer du doigt la Macédoine comme un exemple de la concurrence déloyale provenant des pays de l’est de l’Europe. Le premier à le faire publiquement a été l’ex-candidat Nicolas Dupont-Aignant, qui se ré­clame du gaullisme. Il reproche à l’Europe de ne pas avoir instauré un taux minimal d’imposition des sociétés avant l’entrée des pays de l’Europe centrale et orientale. Dans un entretien accordé à la radio publique France Inter, Nicolas Dupont-Aignant a renouvelé ses attaques et désigné l’offre macédonienne aux inves­tisseurs comme un “parfait exemple de la régression sociale de l’Europe”. La Macédoine est ainsi ­devenue un argument pour ceux qui demandent une Europe plus sociale et qui rejettent la vision libérale, mais aussi pour ceux qui estiment que l’élargissement de l’Union est à l’origine des problèmes économiques auxquels leur pays est confronté - d’autant plus que, si le plombier polonais a été inventé de toutes pièces par les partisans du non à la Constitution européenne, la campagne publicitaire “Investissez en Macédoine” était bien réelle et bien visible dans les journaux français.

Si elle a autant intéressé les politiques et les polémistes français, elle a dû également attirer l’attention des investisseurs et des entrepreneurs, sans qu’il soit possible pour l’instant de se prononcer sur les fruits que le pays en récoltera. Mais une chose est sûre : aussi sévères soient les réactions des hommes politiques, elles n’ont que peu d’impact sur les décisions des investisseurs, qui sont davantage guidés par le profit que par les préoccupations sociales.

Par Toni Glamcevski paru dans Utrinski Vesnik du 22/03/2007

Transmis par Linsay



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