Nouvelles de Caracas

mardi 20 mars 2007
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1- Qui est révolutionnaire ?

D`abord je me permets de vous rèitèrer mon idee fixe : je ne sais qu`une chose avec certitude sur Cuba, sur Fidel, sur Chavez, sur le Venezuela c`est que je ne sais rien.

A l` ìnverse des medias, de la CIA, du journal Le Monde, El païs qui eux ne se contentent pas de mentir mais conditionnent l`opinión à rèpèter des stéréotypes hostiles, moi je ne sais pas, je tente de comprendre.

Ces medias sont payès pour cela, mais le pire est sans doute la maniere dont les gens de gauche, les communistes se croient obligés de vehiculer les mêmes âneries. Il y a là beaucoup de lâcheté mais aussi la rèsurgence du colonialisme et de l`esprit de supériorité, l`arrogance qui va avec. Il y a egalemen pourquoi ne pas le voir le narcissisme, le petit profit personnel et même la mythomanie égoÏste. J`ai deja connu cela dans l`Algérie de l`indèpendance que j`ài decouverte adolescente en 1963. On appelait les Francais qui se prètendaient révolutionnaires “les pieds rouges”. Ils recevaient de gros salaires, parlaient beaucoup, ne faisaient rien d`autre que donner des leçons de révolution, pendant que les petits enfants de la banlieue d`Alger recevaient de l`eau de riz dont l`amidon calmait leur estomac qui criait famine.

A ces gens là, il faut sans doute prèférer un autre visage de la France, celui de l`ìngénieur qui a construit le métro de Caracas, ou celui, comme l’a dit Chavez, hier 18 mars 2007, qui va construire le métro de Guarenas-Guatire en liaison avec le projet d`une cité populaire Mariche dans l`Ètat de Miranda.

A cette hypocrisie d`une gauche française qui parle de démocratie sans jamais éclairer les contextes réels, en parlant à peine de ce que trament les Etats-Unis et ses vassaux de l’Union europenne on peut même préférer le “réalisme”de Total qui a fini par signer les accords de la societe mixte avec PDVSA (Societe nationalisée des pétroles venezueliens) pour l`èxploitation du brut extrait des gisements gigantesques de l`Òrenoque alors que le pétrolier francais ne voulait pas se résigner à ce qui était réclamé par l`Ètat venezuelien. Nous sommes en effet en pleine rè-appropriation de leurs ressources par les peuples et le Venezuela est le fer de lance de l`offensive [1] avec ses alliés de L’ALBA. L`opposition venezuelienne, ècrasèe sur le plan politique, détient la quasi totalitè des medias et tente de dènoncer les cadeaux que fait Chavez aux autres peuples pauvres. Mais il fait la démonstration qu’ìl peut apporter du pétrole à prix coûtant aux pauvres tout en accumulant d`énormes bénéfices qui peuvent changer la vie des venezueliens alors que jadis tout ètait pour les sociètes petrolières et l`oligarchie.

L`enjeu posè par Chavez lors des dernières élections n`à pas ètè "qui m`aime me suive" mais "je vais vers le socialisme êtes-vous d`accord ? "

La gauche francaise, a renoncé au combat pour le socialisme, cette confusion imprègne les esprits et nombreux sont ceux qui poursuivent individualisme et profit personnel jusque dans les choix révolutionnaires [2]

Voila la grande différence avec le laboratoire venezuelien qui donne le sentiment de chercher la pierre philosophale du socialisme du XXIe siecle, même si, ne soyons pas naifs, il y a quelques gens y compris jusque dans le gouvernement chaviste qui “battent déjà la monnaie” de la corruption et des bénéfices personnels.

Donc y compris dans nos donneurs de lecons de démocratie et de socialisme, on peut sans craindre de se tromper imaginer qu’ìl y a beaucoup de gens qui pensent plus à eux qu’aux peuples dont ils paraissent tant s`inquiéter.

Du peuple ces gens là ne voient rien, occupés comme ils le sont à hanter les couloirs des ministères et les camerillas. [3] C`est là le grand danger des révolutions, celui que denoncait le Che.

Une des raisons qui explique la survie cubaine alors que l’immense URSS s`est écroulèe tient sans doute à la vertu morale de ses dirigeants, de Fidel en particulier mais pas seulement. Je crois egalement qu`à partir du moment où nous affirmons notre volonté de changer le monde, nous devons tenter d`aller vers cela, cet aspect incorruptible qui fait de Robespierre quelqu`un que la révolution bourgeoise ne peut pas revendiquer.

Donc qui parle et de quoi ?

J`ai toujours refusé le moindre peso du peuple cubain, ni billet d`avion, ni logement dans un hotel 4 etoiles.

Je continue au Venezuela, comme un medecin cubain ou presque. Je loge à mes frais dans un des quartiers les plus chavistes de la capitale Caracas, le libertador, à côté de la place Bolivar, (ce qui est à peine un renseignement vu que dans ce pays tout s`appelle Bolivar, Miranda ou à la rigueur Sucre).

Ce quartier central, qui n`est pourtant pas celui de la couronne de bidonvilles qui encercle Caracas, est abominable de crasse et on le dit très dangereux.
Le jour des marchands ambulants s`entassent sur les trottoirs rendant la circulation du piéton périlleuse ne serait-ce qu’à cause des pickpocket pas très habiles mais violents, tandis que la voie est encombrée de grosses voitures polluantes.

Chavez l`a dit hier dans « allo presidente », il inaugurait un métro aérien entre le centre et les barrios de Miranda, les nouveaux quartiers équipés, propres qui sont construits. Il expliquait qu`il n’était pas possible de poursuivre avec l`automobile, mais le fait est : aujourd`hui à Caracas, la réalité c`est ça : une essence très bon marché, une rente pétrolière, des petits bourgeois, y compris ceux deja issus de la révolution, avec de très grosses voitures et cette misère, 80 % de l`espace réservé aux riches, leurs grandes avenues, Altamira, les magasins de luxe et les pauvres sur les collines escarpées, l’entassement [4] Donc dans le centre historique, dès que la nuit tombe, surgissent des silhouettes fameliques, des hommes sales en guenille qui se couchent au coin des rues sous des cartons. Demain cela sentira l`urine justement parce que des gens couchent dans la rue.

Ce désordre urbain a un sens, d`abord celui des grands propriétaires fonciers qui poussent les petits paysans par la violence hors de leurs champs. Il y a aussi une oligarchie et une classe moyenne qui vit de la rente pétrolière, ferme les usines et préfère consommer à l`extérieur. Chavez s`est attaqué à cela en tentant de développer une industrie manufacturiere correspondant aux besoins des pauvres. Cèst un chantier immense parce quìl s’agit de racheter des secteurs, d’en créer, d`inventer des méthodes de gestion, et de participation populaire. C’est abominablement difficile. le tout dans un contexte de lutte des classes, de violence, de menace impérialiste.

Caracas c`est ce terrible contraste.

Venir de Cuba à Caracas c`est rétrospectivement passer d`un univers pauvre, soumis au blocus, mais propre, policé, soigné, à un univers du désordre, de la saleté, de la misère, du danger de la drogue qui est déversée de la Colombie proche. A côté de Caracas même Centro habana parait un lieu d`ordre, de calme et de tranquillité.

Il faut être passé du pauvre Cuba au très riche Venezuela pour mesurer les veritables mérites du socialisme. Passer de l`ordre Cubain à ce qui s`amorce au Venezuela, et retrouver au coeur des barrios, des médecins cubains fraternels, aimants, non donneurs de leçons, vivant au côté des plus pauvres. Après on ne s`amuse plus à opposer Cuba au Venezuela, on apprend le sens de la fraternité, du dévouement. Que de choses nous avons à comprendre, à apprendre....

2- Mes impressions . Hugo Chavez et le socialisme du XXIe siecle

Car contradictoirement je crois aussi que l`on est rapidement convaincu des potentialites du peuple venezuelien. Je vous ai décrit les rues du centre historique où je loge, en mille fois pire c`est Barbes pour Paris ou pour Marseille, le quartier Belsunce. Mais il y a le métro, construit par le Francais, un havre de paix et de politesse, propre, pas un papier sur le sol, personne n`oserait y manger de peur de faire des miettes. A la station capitolio qui est la mienne, on passe sans transition de l`horreur urbaine, le pire des mondes possible dirait Mike Davis [5] à un metro dans lequel tout n`est qu’ordre luxe et courtoisie. Ce peuple rêve de transformer le monde, sa propre situation et il frémit en écoutant son president lui parler de l`effort à accomplir. Comment organiser tout cela ? Chavez veut créer un parti, je vais vous parler de cela dans un autre article.

Hier « Allo presidente », comment vous expliquer le charisme de Chavez, mais est-ce bien là l`essentiel ? L`essentiel pour moi reste ce vaste mouvement qui secoue l`Amérique latine, le charisme de Chavez comme celui de Fidel, c`est le contraire de l`attitude que je dénonce dans la gauche française. C`est l`oubli de soi-même au profit d`un objectif auquel on voue sa vie, la révolution, la lutte anti-imperialiste, la souveraineté du peuple sur ses ressources pour son propre développement.

Ces hommes-là n`ont plus rien à eux, ils sont désincarnes, ils sont l`histoire et ses combats. Hier innocemment Chavez a raconté a la journaliste nord-americaine Barbara Walters [6] qu`ìl avait eu un chagrin d`amour et que le vieil homme auquel il s`ètait confié, son père spirituel probablement Fidel, lui avait dit que desormais il n`aurait plus une minute de sa vie pour être autre chose que ce combat révolutionnaire avec son peuple.

Donc le charisme de Hugo Chavez est porté par le souffle de L`Amerique latine et par un peuple qui a choisi de combattre.

Combattre qui et quoi ?
Hier Chavez l’a dit à la journaliste étasunienne : “ je pourrais me faire élire par le peuple nord-americain parce que je sais ce que ce peuple désire au fond de lui : la paix, que les troupes se retirent d`Irak, pas d`aventure meurtrière en Iran , que l`on se préoccupe de lui, des pauvres, qu’òn lui accorde la sécurité sociale. Ce peuple nord- americain n`est pas notre ennemi, Hugo Chavez est son ami. Son ennemi réel c`est Bush, pas nous.

Il faudrait expliquer ce qui a concrètement changé au Venezuela, ce qui est en train de changer en Amérique du Sud , dans les Caraîbes.

En rentrant en avril je vais tenter de le faire. Je vais essayer de vous transmettre les enjeux tels que je peux les percevoir, malgré ma méconnaissance, le caractère superficiel de mon approche, non pour les Cubains, les venezueliens, et les autres peuples qui malgré leur misère, leurs souffrances choisissent d`aller de l`avant, mais pour nous, Francais, communistes, gens sincèrement de gauche.

Parce que tout ce que je vous décris a lieu dans des conditions d`un terrible affrontement. Ce que risque Chavez, comme Fidel, comme Evo, et même Kichner c`est la mort d`Allende. Toux ces pauvres gens qui ont choisi de combattre pour le socialismo “du XXIe siècle” peuvent connaitre le sort de ces mères chiliennes qui ont vu leurs enfants torturés pour les faire parler. Ces tortures provenaient de L`Ecole des Amériques, mais aussi du “savoir” des militaires francais largement diffusés dans des manuels de torture.

Nous devons profondement nous révolutionner pour comprendre, simplement comprendre et pas donner des leçons de socialisme, de démocratie, pour ne pas duper ces peuples, pour aller vers eux non pas comme des profiteurs, mais comme des combattants pour un autre monde. ( à suivre)

De : bleitrach danielle lundi 19 mars 2007


[1Lire l`àrticle de J.P Sereni dans le Monde Diplomatique de mars 2007. les Etats s`emparent de l’arme pétrolière. Par rapport à cet article très bien informè la nouveautè est l`àcceptation des conditions du Venezuela par Total.

[2Un exemple, l`un d`eux, dont j`aurai la pudeur de taire le nom, se fait même passer pour un grand universitaire alors qu`il est prof de secondaire, ce qui en soi n`a rien de négatif, sauf quand on ment, quand on usurpe un titre par pur narcissisme et intérêt personnel. C`est un peu comme Jose Bove et les medias, Marie Georges Buffet dit des âneries sur Cuba, mais c`est par opportunisme ou imbécilité, alors que José Bové s`invente un rôle et dit en France ce qu`il n`oserait jamais dire ailleurs, c`est un mythomane comme l’a démontré l`article de Maxime Vivas. Et il exerce cette mythomanie par seul interet personnel contre un petit peuple menacé par les Etats-Unis qui subit le plus infame des blocus. Le plus extraordinaire est qu`il se trouve des gens qui ne voient aucune contradiction entre les saloperies personnelles et l`engagement dans une transformation du monde.Je vais sans doute vous paraitre intransigeante mais si nous voulons repenser le monde et c`est urgent, nous avons besoin de reflechir à ce que le colonialisme, mais aussi une acceptation actuelle du partage du monde fait de nous : des profiteurs, des donneurs de lecons, des parasites. Et pour revenir a notre pseudos grand intellectuel francais, il s`est monté un personnage à Cuba, il est “le rempart contre le fascisme “ en Europe selon les innocents cubains. Quand vous contemplez de telles corruptions, vous pouvez encore mieux imaginer celle qui règne dans les medias francais et occidentaux où la survie alimentaire, sans parler même du prestige dépend de l`alignement sur les Etats- Unis.

[3CAMERILLA : loge de théâtre si on a bien compris... à moins qu’il ne s’agisse de CAMARILLA : Groupe d’intrigants qui influencent le gouvernement d’un État...on demandera à Danielle à son retour !

[4Ce n`est pas facile de gerer le probleme de ces marchands ambulants. Dans le quartier Sabana Grande, ils ont été rassemblés dans un marché couvert. La semaine dernière il y a eu une manifestation de certains d`entre eux disant qu`ìls n`avaient pas de place et qu`ìls avaient droit à la rue. Le maire leur a vertement répondu que cela suffisait, il leur avait été proposé des formations qualifiantes mais en vain, de surcroit il savait bien que derrière eux il y avait les mafias de l`informel qui ne pouvaient plus racketter a leur guise. Il est vrai que délinquance, informel, et adhésión au chavisme se mêlent là comme dams les barrios. L`attitude des médecins cubains n`est- elle pas la meilleure, soigner, soulager, avant d`imposer ? Ne pas avoir le culte de cette misère, de la délinquance, mais apporter les moyens de la survie avant toute répression..

[5Mike Davis. Le pire des mondes posibles. La découverte. 2006 Dans ce livre ce sociologue nord americain décrit les conurbations du Tiers-monde. (Une conurbation est un ensemble urbain constitué de plusieurs villes formant des noyaux distincts comme « Lille-Roubaix-Tourcoing » NDLR)

[6Dimanche 18 mars a 21 h. Emission entrevue du president Chavez avec la presentatrice Barbara walters Nouvelles de Caracas



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