ORPEA : un mauvais groupe ?

lundi 7 février 2022
par  Charles Hoareau
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Ainsi donc il y a un scandale ORPEA ? Tiens donc !
Heureusement le gouvernement va prendre des mesures sur cette question qu’il a découverte… grâce à des consultants externes (terme plus gracieux que boites privées) de conseil dont le coût pour nos impôts a été multiplié par 15 en un an !!! [1]
Et quand Mme BOURGUIGNON, la ministre du secteur dit que ORPEA est vraiment « cynique » (comme s’il était le seul !) on pourrait lui retourner le compliment en y ajoutant celui d’hypocrite.
Hypocrite car ce n’est pas d’aujourd’hui que des associations d’usagers, des syndicats du personnel, au premier rang desquels la CGT, dénoncent ce scandale des EHPAD qui concerne principalement les établissements privés.
Sans que la presse ne le relève outre mesure.

En 2006 Rouge Midi avait dénoncé le scandale de la maison de retraite La Marguerite, maison largement subventionnée par le conseil départemental 13, sans que cela ne change quoi que ce soit au montant des subventions ni ne provoque l’ombre d’une commission d’enquête. Depuis la maison a été intégrée au groupe DOMUS Vi, 50 000 salariés dont plus de 14 000 en France, société anonyme au capital valorisé à 4,3 milliards d’euros [2] par un LBO (achat par effet de levier) qui va permettre, n’en doutons pas, une encore meilleure rentabilité des dividendes aux actionnaires.

En 2018 un autre scandale avait été révélé par la CGT des quartiers sud de Marseille, celui du groupe KORIAN. C’est une aide-soignante, Hella Kherrief qui a eu le mérite de dénoncer la maltraitance des personnes en EHPAD due à la politique de recherche du profit au détriment des soins. Alors que son courage aurait mérité reconnaissance et félicitations sa récompense fut un licenciement !! Hella a publié en 2019 « Le scandale des EHPAD » un livre qui n’a pas eu le retentissement de l’actuel livre « Les fossoyeurs » : la faute à son engagement syndical à la CGT ? Ou à la puissance du groupe KORIAN qui a doublé en 5 ans les dividendes versés à ses actionnaires [3] (comme ORPEA), qui a augmenté son chiffre d’affaires de plus de 7% en 2020 et pèse 3,9 milliards d’euros pour un bénéfice net déclaré de 64,9 millions d’euros [4] ? Dans ce secteur aussi la pandémie a permis une augmentation des profits…Quoiqu’il en soit, ni la dénonciation par les syndicats (CGT, SUD et FO) « d’une hécatombe parmi les résidents » ni les enquêtes judiciaires en cours pour « mise en danger de la vie d’autrui », n’ont empêché le groupe d’être certifié « Top employeur 2022 » ni d’être classé « entreprise la plus responsable de France dans le secteur médico-social » …Il ne devait pas y avoir beaucoup de soignants dans les deux jurys…

Ces quelques exemples montrent que le groupe ORPEA est loin d’être un cas isolé et que la solution ne peut constituer à seulement exproprier ce seul groupe et encore moins se satisfaire d’une « contribution solidarité (CASA-ACT) des actionnaires à hauteur de 2 % des dividendes perçus » comme on peut le lire dans le programme présidentiel du PCF. De même la proposition contenue dans le programme « L’avenir en commun » d’une collectivisation, si elle pose clairement la question de la remise en cause de la propriété privée des maisons de retraites, mérite clarification quant aux solutions proposées.

Le secteur NON lucratif vertueux ?

Devant l’ampleur du scandale il en est pour se poser la question de la légitimité de l’existence des établissements privés à but lucratif, 25% du « marché » (sic !) aux établissements à but non lucratif, 32% de ce même « marché » (resic !).
Si dans ces derniers les tarifs y sont moins onéreux et le personnel plus nombreux (+3%) que dans le secteur dit lucratif il est inférieur de 9% au secteur public [5] .

Et quand on mesure que la proportion des établissements privés n’a cessé de croitre depuis la loi du gouvernement Jospin qui leur a ouvert les vannes du financement on voit bien que ce n’est pas dans cette direction qu’il faut chercher.
Et même dans les établissements publics ce n’est pas la panacée [6] . Non pas que le public serait par essence incapable de gérer, mais parce que les politiques successives de santé depuis des décennies n’ont cessé de remettre en cause le droit à la santé.

Au fond la solution est assez simple et demande un choix clair.
Il faut dire que santé privée est un oxymore et qu’il ne peut y avoir de santé que publique.
Il faut en finir avec la santé privée qui en système capitaliste ne peut être qu’à but lucratif quelles que soient les bonnes intentions affichées.

Dans ce domaine, plus sans doute que dans tout autre, pour faire respecter ce droit à la santé il faut qu’il soit géré, non par un appareil d’état aux ordres du capital, mais par la nation représentée par les personnels et les usagers.
On peut toujours discuter de la forme mais pas du fond : à santé publique des fonds publics.

Des coopératives soignantes dont la forme reste à inventer ou des établissements publics gérés démocratiquement mais tous deux sous la tutelle du ministère de la santé coordonnateur et impulseur de la politique de santé dont le peuple a besoin.




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