Une Centrale qui a de l’avenir

on vous dit tout !!
jeudi 10 décembre 2020
par  Rouge Midi
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Depuis le 7 décembre 2018, les salariés de la Centrale de Gardanne sont en lutte, suite aux annonces du gouvernement qui veut fermer les 4 dernières centrales à charbon française sous de faux prétextes d’écologie.
Les 4 centrales représentent moins de 1% des émissions de CO2 en France, et la France c’est moins de 1% des émissions de CO2 mondiales (toutes activités confondues)

Actuellement, 46% de la production d’électricité mondiale est produite grâce du charbon. Quand on met ces chiffres en perspective, on comprend vite que l’impact écologique sera dérisoire.
Loin d’avoir un réel impact sur l’environnement, l’objectif de cette décision est de mettre un tampon vert sur les politiques capitaliste et libérale de Macron.

Or, le capitalisme ne fait pas d’écologie.
Son seul objectif est la rentabilité à court terme.

Le charbon est la ressource la mieux répartie dans le monde et ne fait pas l’objet de conflit guerrier comme d’autres ressources (gaz, pétrole, uranium, lithium...).
C’est la seconde ressource énergétique et la première source de production d’électricité dans le monde.
Les réserves mondiales de charbon permettraient d’assurer les besoins énergétiques mondiaux pendant environ 300 ans.
De plus, pour certains pays ou régions du monde, c’est la première, voire la seule source d’énergie ou de revenue.

Le charbon a donc un avenir et le monde n’est pas près de s’en passer.
La protection de l’environnement doit se réfléchir au niveau mondial et doit avant tout préserver les intérêts des travailleurs.
Elle ne peut pas rimer systématiquement avec suppressions d’emplois.

Bien entendu, nous sommes contre la pollution industrielle car n’oublions pas que les premières personnes impactées sont les travailleurs eux-mêmes qui y sont confrontés plusieurs heures par jour, plusieurs jours par semaine.

Des solutions techniques existent mais ne sont développables qu’en forçant les industriels et les gouvernements à investir dans la recherche et développement afin de capter et revaloriser le CO2. Le problème n’est pas ce que l’on brûle mais ce qu’on rejette.

La mise en place de ces solutions permettrait d’avoir un réel impact environnemental, de répondre aux besoins des populations en maintenant les capacités de production dans chaque pays.
Cela éviterait l’importation d’électricité venue de pays frontaliers, et garantirait l’indépendance énergétique pour chaque pays.
Cela pourrait également permettre de créer de nombreux emplois.

L’argument apporté par les gouvernements européens qui voudraient nous faire croire que la production d’électricité faite à partir du charbon sera remplacée par des énergies renouvelables est faux.
Une centrale thermique produit de l’électricité pour répondre à un pic de consommation, souvent le soir, alors que les énergies renouvelables sont intermittentes et disponibles en fonction de la ressource (vent ou soleil).

De plus, le développement des énergies renouvelables est aujourd’hui subventionné par les états donc par de l’argent public.
Les gros industriels ont des aides des états pour construire les installations de production renouvelables et ont des tarifs de rachat des énergies produites 3 à 4 fois supérieurs au prix du marché.
Un moyen supplémentaire à disposition des puissants pour s’enrichir sur le dos des populations.

Le constat est fait, le but final est de faire payer plus ceux qui n’en ont pas les moyens et rémunérer les gros industriels qui sont déjà gavés.

De plus, la création d’emplois industriels est directement liée aux infrastructures disponibles et nécessaires à la réalisation d’activités industrielles.

L’effet que produira l’arrêt de la production d’électricité à partir du charbon en France sera la montée des prix de l’électricité pour les particuliers en raréfiant la ressource et la rémunération des industriels qui seront payés pour s’effacer du réseau électrique lorsque la demande sera plus importante que l’offre (délestage et effacement).

Aussi, la création de ces emplois, qualifiés donc mieux rémunérés sera compromise. Petit à petit, la désindustrialisation s’organise jetant des milliers de familles à la rue.

Moins de moyens de productions d’énergie donnera moins d’industries, qui donnera moins de services publics, qui donnera la précarisation du travail ayant pour but d’avoir des travailleurs sous-payés et serviles.

Derrière des prétextes environnementaux se cache une logique capitaliste visant à appauvrir les populations, enrichir toujours plus les actionnaires, détruire les emplois, réduire les salaires et diminuer les dépenses pour les services publics.

Cette décision engendrerait de nombreuses pertes d’emploi pour les travailleurs de ces secteurs d’activités mais aussi un désastre économique et social dans tous les pays qui vivent aujourd’hui de l’extraction et de l’exportation du charbon.

Après avoir exposé les faits et le contexte, il faut aussi parler du volet social que la fermeture de la centrale de Gardanne engendrerait.
1000 suppressions d’emplois dans les Bouches du Rhône et près de 5000 emplois au niveau national.

Les propositions de la CGT
Mais bon, me direz-vous qu’est-ce qu’on fait ? Qu’est qui est proposé ?

La Centrale ce n’est pas que le charbon, c’est le captage/stockage de CO2, les gazéificateurs et l’UEVD. Mais, Kézaco tout ça ?

Commençons par le Captage/stockage de CO2, c’est une des propositions que fait la CGT de la Centrale de Gardanne (projet validé par une étude faite par le cabinet d’experts du BERIM)
Cela pourrait permettre la captation de 95% du CO2 émis. A Gardanne mais aussi ailleurs puisqu’on peut adapter ce système à d’autres centrales au niveau mondial, donc réduire les émissions de CO2 de façon globale et le revaloriser. Cela a un coût élevé certes mais en mutualisant avec les entreprises du département (Total par exemple) cette proposition est tout à fait viable et permettrait une réelle avancée écologique sans pour autant faire subir à la population et aux travailleurs les contraintes citées plus haut. Au contraire, ce projet créera des emplois, un nouvel essor pour le département et la région, un nouveau dynamisme social, un réel impact sur l’environnement.

Ensuite parlons du Gazéificateur.

La récupération de déchets verts inutilisés aujourd’hui permettrait d’en faire du Gaz de synthèse injectable sur le réseau GRT ou utilisable pour alimenter des véhicules propres (hydrogène).

Encore une fois, ce système a beaucoup de points positifs : sur le plan écologique, valorisation des déchets, production d’énergie renouvelable, bilan carbone neutre, alimentation d’une flotte de véhicules propres, diminution de la pollution liée au transport, alimentation d’un réseau de chaleur pour chauffage urbain et apport sur le réseau actuel en complément du gaz naturel. Sur le plan socio-économique, c’est aussi le développement d’un circuit court et d’une économie circulaire.

Et finissons par l’UVED (Unité de valorisation Énergétique des déchets), il s’agit d’unités de tri des déchets permettant de les revaloriser, en les recyclant, en les compostant et en produisant de l’électricité ou en alimentant un réseau de chaleur. On est donc au summum de la pointe de la technologie en matière d’écologie : tri sélectif, recyclage, diminution voire suppression de l’enfouissement des déchets, bilan carbone neutre mais aussi production d’énergie renouvelable et de compost. Dans ce prolongement, cela permet aussi une réduction de l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. Et sur le pan économique et social on rejoint le Gazéificateur avec comme lui une économie circulaire et le développement de circuit court.

Alors, avec toutes ces propositions qui permettraient de dynamiser notre région, voir même les autres centrales, créer des emplois de manière pérenne, relancer l’économie, développer l’écologie surtout dans le contexte actuel et conserver notre indépendance énergétique, comment accepter que les directives gouvernementales soient de fermer la Centrale ? »

Philippe MIROUX délégué du syndicat CGT de la centrale

Note de la rédaction. A la lecture de ce qui précède qui pourra prétendre que la CGT n’a pas de propositions novatrices ? Que les travailleurs se cramponnent à leur emploi sans se soucier de l’environnement ni de l’avenir de la planète et des hommes et femmes qui la peuplent ?
Au-delà de l’emploi et de l’indépendance énergétique et leur maitrise par la population qui sont déjà pour l’ANC des questions de premier ordre, notre engagement dans le soutien à cette lutte exemplaire est renforcé par son caractère solidaire, novateur dans un moment où la gestion des déchets est elle aussi devenue un enjeu de profits sans lien avec l’intérêt de toutes et tous.
Les propositions des travailleuses et travailleurs de la centrale ouvrent tout un champ de possibles y compris, dans un domaine qui dépasse largement leur seule entreprise mais concerne toute la région méditerranéenne : le remplacement progressif d’une grande partie des résineux qui appauvrissent les sols par des essences nourricières pour la terre et résistantes au feu, sujet sur lequel nous reviendrons.
Au final, ce qui est en jeu dans ce combat, est assez simple, laisserons-nous l’ensemble de cette filière énergétique aux mains d’appétits privés qui en feront une marchandise comme une autre soumise aux lois du capitalisme, ou voulons-nous en faire un bien commun géré par la population garantissant ainsi à toutes et tous le droit à son accès ?

La CGT de la centrale à la fédération en passant par le département, a tranché cette question et l’ANC aussi qui soutient entièrement la lutte de la Centrale de Gardanne, pour un avenir meilleur.
Vous pouvez aussi participer en signant la pétition et diffusant cet article.
Pétition : http://chng.it/JckNYd8VHW

Suivre la lutte de la Centrale via la page Facebook : La Centrale de Gardanne en grève reconductible depuis le 7 décembre 2018

Pour en savoir plus : lien vers la brochure : https://fr.calameo.com/read/006513481716efe1a0bdf



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